Anna, le film consacré à la figure d'Anna Magnani réalisé par et avec Monica Guerritore, a été présenté en avant-première au Festival du Film de Rome 2025, lundi 20 octobre. Notre critique.
Présenté dans la section Grand Public du Festival du Film de Rome 2025, Anna est le premier film réalisé sur l'actrice romaine Anna Magnani. Écrit (avec la révision d'Andrea Purgatori, à la mémoire de qui le film est dédié), réalisé et interprété par Monica Guerritore, le film tente de restituer un portrait intime et personnel de la femme derrière l'actrice. « Tel un plongeur je me suis immergé dans le regard changeant, dans la rivière invisible qui coule sous la surface » Monica Guerritore a déclaré lors de la conférence de presse. Son intention, a expliqué le réalisateur et interprète du protagoniste, était de raconter la souffrance et la fragilité d'Anna Magnani, en s'immergeant dans le rôle avec beaucoup de passion et de rigueur.
Le film suit l'actrice dans la nuit fatidique qui a précédé sa victoire à l'Oscar de la meilleure actrice principale pour The Rose Tattoo, réalisé par Daniel Mann et basé sur la pièce de Tennessee Williams (joué dans le film de Giampiero Judica) et qui a représenté un moment de grande joie pour l'actrice, mais paradoxalement aussi le début de la fin de sa carrière professionnelle. Cette nuit-là, imagine Monica Guerritore, l'actrice la passe à se promener dans les rues de Rome, qui deviennent le théâtre de rencontres avec des personnages populaires (Tania Bambaci est l'une d'entre elles, une prostituée rousse à laquelle Anna se confronte et qui devient le miroir des tourments du protagoniste), mais aussi des souvenirs qui ont précédé la victoire aux Oscars. La découverte de la maladie de son fils Luca, le tournage de Roma Città Aperta et la naissance de l'amour avec Roberto Rossellini (Tommaso Ragno). Anna Magnani n'est jamais seule dans le film : elle est accompagnée d'une multitude d'amis, de la fidèle Carol Levi (Beatrice Grannò et Lucia Mascino) à Suso Cecchi D'Amico (Francesca Cellini), Sergio Amidei (Stefano Rossi Giordani), Indro Montanelli (Massimiliano Vado) et bien d'autres visages.
Nous disions que Monica Guerritore s'est jetée dans ce rôle avec passion et rigueur et a assumé la triple tâche de donner vie à ce film tant désiré, mais tout aussi opposé, pour lequel les problèmes ne manquent pas dans le secteur artistique. Comme un scénario qui semble engloutir les personnages, les réduisant à des figures fanées, pâles comparées aux couleurs vibrantes, parfois aveuglantes, de Magnani-Guerritore. Mais aussi une mise en scène à l'ancienne, qui utilise le ralenti, la voix off du protagoniste et la dissolution pour alimenter la tension de l'histoire, mais conduit au contraire le récit à se replier sur lui-même.
Cependant, la réflexion que porte le film sur le désir de faire reconnaître son ambition professionnelle et son travail d'actrice est appréciable, tout comme le portrait qui se dessine d'Anna Magnani. Une femme instinctive, passionnée, dont la force intérieure l'amène à se heurter à un monde masculin pas toujours enclin à l'accepter. Un hommage à l'état pur, celui de Monica Guerritore, à sa référence féminine, à celle qui lui a montré le chemin à parcourir. A la femme, avant même l'actrice.
