avec le décès de Paolo nous nous souvenons de deux grands protagonistes du cinéma

Avec le passage de Paolo Tavianiqui retrouve son frère Victor, partenaire de vie et de travail jusqu’à la mort de ce dernier, en 2018, deux des protagonistes absolus, non seulement au niveau italien mais européen et mondial, comme en témoignent les nombreux prix et rétrospectives qui leur sont consacrés, de l’histoire du cinéma. Toujours politiquement alignés, capables de lire notre présent à travers les époques historiques, de le raconter lucidement en prenant position, mais aussi animés d’éclairs de réalisme magique, issus d’origines paysannes, entre mythe et conte populaire, qui embellissent leur cinéma, dans lequel peut-être tout est parfait mais où il y a toujours, même dans des films apparemment moins réussis, des moments qui donnent des frissons. Il a raison Pupi Avatitrès bon ami de Paolo Taviánmoi, bien que très distant sur le plan idéologique, lorsqu’il dit que leur travail était plus apprécié à l’étranger que chez eux. Car finalement, comme on le voit encore aujourd’hui, un certain cinéma partisan est agaçant, il suscite des doutes, des réflexions, il est étranger aux triomphalismes et aux certitudes voulus d’en haut, où « tout va bien, Madame la marquise ».

Leurs relectures du Risorgimento italien et des mouvements révolutionnaires de la fin du XIXe siècle pour parler du présent, dans des films comme Saint Michel avait un coq (inspiré d’une histoire de Tolstoï) e Allosanfanavec la musique envoûtante de Ennio Morricone (ce petit saut !) ont ébloui une génération critique et insoumise. L’écrivain se souvient de les avoir vus en fille à la télé, et de l’émotion véhiculée par Giulio Brogi, Marcello Mastroianni Et Bruno Cirino leurs rôles dans ces films les ont gravés à jamais dans nos cœurs cinéphiles. Non pas des communistes de granit, comme les hommes intelligents et cultivés qu’ils étaient, mais toujours des antifascistes (La nuit de San Lorenzo raconte très bien ce qu’était la dictature), je Taviani dès le début, après les premiers documentaires et films avec Valentino Orsiniracontent les mouvements naissants de la société anticipant 68 avec Les subversifstoujours avec Giulio Brogimerveilleux acteur, et Lucio Dalla. Et en Sous le signe du Scorpionaprès l’avoir initialement rejeté pour son arrogance excessive et juvénile, mène une belle performance Gian Maria Volonté c’est toujours Giulio Brogi (mais leurs castings sont tous remplis d’acteurs talentueux) dans l’histoire d’un groupe de naufragés, dans leur premier film en couleur.

Tout le monde connaît les films les plus célèbres, comme Maître pèredans lequel ils lancent le talent de Homer Antonutti et il apparaît même Nanni Moretti en tant qu’acteur : après tout, c’est à eux que le jeune réalisateur montre ses premiers films. Parce que Paolo et Vittorio sont toujours ouverts à la nouveauté, ils ne s’enferment pas dans des idées et des croyances vouées à changer, ce qui les garde jeunes jusqu’à la fin. Après la mort de Vittorio, Paolo réalise seul un dernier et beau film, Léonora au revoir, qui méritait plus de reconnaissance. Parmi leurs films ensemble, comment oublier le leur Kaosde Pirandello, avec le bel épisode de « La giara » avec Franco Franchi Et Ciccio Ingrassia? Un merveilleux hommage à l’esprit sicilien de la part de deux Toscans comme eux. L’écrivain se souvient encore de l’émotion qu’il a ressentie en le voyant César doit mourirJules César de Shakespeare joué par des détenus d’une prison à sécurité maximale, Ours d’or à Berlin, une œuvre révolutionnaire (ici si vous voulez le rapport écrit de la conférence) et la joie de les interviewer, dans une rencontre malheureusement perdue car faite pour la télé. Des années plus tard, je me suis revu Paolo Tavianiqui s’occupait seul de la promotion de Merveilleux Boccaceparce que Vittorio était déjà malade, où ils s’étaient concentrés sur un casting de jeunes pour raconter l’histoire de l’amour et de la force des femmes (vous pouvez retrouver l’interview ci-dessous, ainsi que celle de Leonora Addio, la filmographie complète sur notre profil) .

Il est impossible de résumer la contribution des frères Taviani au septième art, dont ils étaient amoureux depuis que, depuis San Miniato, ils animèrent le Ciné Club de Pise et traversèrent la Toscane pour poursuivre les œuvres des maîtres du cinéma en les différents milieux du cinéma. Il suffit de revoir leurs films, les acteurs qu’ils ont dirigés, les musiciens avec lesquels ils ont collaboré pour le comprendre. En guise de salutation à Paolo, nous rapportons le beau message de Flavia Schiavi Et Olivia Alighieroleur service de presse, qui parle également du dernier projet malheureusement non réalisé du réalisateur, Le chant des médusesqui l’a accompagné jusqu’à la fin d’une vie extraordinaire.

Tous ceux qui, à Rome, souhaitent rendre un dernier hommage à Paolo Taviani pourront le faire le lundi 4 mars de 10h à 13h au Campidoglio, où aura lieu la cérémonie laïque, accompagnée de la musique de Leonora Addio, son dernier film.