Avis sur Monique

Une femme quitte la Californie pour retourner au chevet de sa mère malade qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans. Une splendide performance de Trace Lysette dans Monica, un drame indépendant d’Andrea Pallaoro en compétition à Venise. L’avis de Mauro Donzelli.

Une araignée sous le soleil de Los Angeles, conduite par une femme qui parle au téléphone. Ainsi commence le deuxième chapitre d’une trilogie consacrée à différents personnages féminins dans différents lieux de Andréa Pallaoroquarante ans depuis plus de vingt ans aux États-Unis, où il a étudié le cinéma et le plateau Monique. L’histoire d’une femme qui rentre pour la première fois chez elle, celle dans laquelle elle est née, a grandi et qu’elle a fuie en pleine adolescence. Elle retrouve sa mère après une longue absence, ainsi que le reste de sa famille. A condition que la mère la reconnaisse, puisqu’elle est malade et alterne des moments de lucidité avec d’autres de perte de plus en plus fréquentes, bientôt majoritaires.

Le temps est court, après avoir passé si loin. Monica est transgenre, et cela a dû affecter la séparation contre nature entre une mère et une fille. Une longue histoire dans l’équilibre entre la Californie progressiste et le Midwest rural conservateur la faille toujours troublée qui divise deux Amériques dans une guerre civile froide: celui de la une qui vit dans un futur constant et celui, plus nombreux et bouillonnant, qui se tourne vers les populismes pour ne pas accepter l’irruption de nouvelles libertés et la fin d’anciens privilèges dépassés par l’histoire.

Pallaoro le fait sans jugement, face au le thème de l’abandon comme une rancœur évaporée, la colère transformée en regret par crainte d’une nouvelle perte imminente, définitive bien qu’inévitable dans le cycle naturel de la vie et de la mort. En un mot, esquisser simplement un chemin de suture lente de plaies douloureuses, ce qui implique d’abord une Le chemin de la conscience de soi de Monica, le courage d’une femme adulte écrasée par les insécurités, en sommeil du rachat d’années de vie indépendante. C’est un film sur la route à plus d’un titre, le plus souvent en mouvement forcé, en voiture et puis, quand celle-ci aussi l’abandonne et semble conspirer avec le destin et faire renoncer la fragile héroïne à se lever, elle trouve le la force de revenir en arrière et de continuer ce voyage jusqu’au bout. Il devient alors le Je rentre chez moi à la recherche de la découverte d’une mère trop longtemps étrangère. Ils se reconnaissent par de petits gestes d’intimité retrouvée, des corps qui se touchent puis apprennent à se reconnecter, à s’enlacer..

UN chemin d’une grande modestie, un puzzle qui se construit pièce par pièce, avec le juste calme et une émotion croissante, sans interprétations imposées, laissant la liberté de combler les silences et les doutes narratifs avec sa propre expérience. Cela est aidé par la présence extraordinaire de Trace Lysette, un corps et surtout une âme candide qui émeut. Et aussi l’espion d’alerte rouge essayé pour le format, un 4/3 souvent abusé comme une imposition purement formelle, revient bientôt, se révélant étonnamment fonctionnel en recomposant ces deux corps féminins, d’âges différents, dans un cadre que plus que les étouffer leur permet pour trouver l’intimité, s’explorer.