Le nouveau film du réalisateur de Sole a été présenté en première mondiale dans la section Generation 14plus du Festival de Berlin et arrivera bientôt dans les cinémas italiens. Voici la critique de That Summer with Irène de Federico Gironi.
L’une des choses les plus marquantes de That Summer with Irène est le silence.
Non, silence n’est pas le bon mot. Calme, c’est mieux.
Le calme, l’absence d’agitation, les bruits forts, les nuisances sonores.
Ce ne sont pas les fixations d’un critique vieillissant, d’une personne ordinaire qui se laisse quotidiennement submerger par le chaos et la surabondance inutile de son (et pas seulement) du cinéma et de la vie de notre époque. Il s’agit plutôt de la notation de ce qui est clairement une déclaration d’intention, la déclaration implicite, poétique et esthétique de Carlo Sironi: qui dépend autant de ce qu’on entend dans son film que de ce qu’on voit.
Les sons qui servent de tapis sonore aux paroles prononcées par les deux protagonistes sont ceux de la nature : les feuilles secouées par le vent, les vagues de la mer. Parfois, ce calme est rompu par de douces explosions musicales, toutes d’un excellent goût et immédiatement réabsorbées par la volonté de maintenir le ton du film dans le calme.
Inévitablement, ce calme – qui n’est pas la stase, n’est même pas le minimalisme pur et simple, et qui n’est certainement pas l’absence – reflète (ou est le reflet) de la manière dont Sironi a décidé de raconter l’histoire de son film et celle de ses protagonistes, Clara (Maria Camilla Brandebourg) et Irène (Noée Abita), deux jeunes filles de 17 ans qui se sentent, se reconnaissent et s’accueillent, au nom de leurs grandes différences, dans un centre d’été pour jeunes malades du cancer, et qui décident de partir ensemble pour des vacances à la mer à La Sicile, sur la splendide et tranquille île de Favignana.
Il y a peu de choses que Clara et Irène se disent et nous disent explicitement. De quoi parle le film Carlo Sironi est capable de nous parler d’eux, de leur état, de leurs ressentis, de leurs états d’âme, mais c’est beaucoup, beaucoup, et cela passe pour l’attention du regardpour le soin de l’image, pour la capacité d’évoquer le cinéma et la narration à partir des détails et des aspects moins évidents des choses et de la vie.
Celle des vacances siciliennes de Clara et Irène, d’abord solitaires, puis accompagnées de manière jamais invasive et toujours pleine de grâce par la rencontre avec un petit groupe de pairs, est l’histoire de beaucoup de choses.
Celle d’une phase de croissance, d’une nouvelle amitié. Celle de deux jeunes femmes qui tentent pour la première fois d’aborder non seulement la vie adulte mais « normale », loin des contraintes de la maladie et de la famille. L’histoire de deux filles qui embrassent la vie – dans un cas, goûtent à l’amour – pour tenter d’exorciser son contraire.
Sironi ne supprime pas la mort du tableau ni du cadre, mais la place apparemment en arrière-plan. Il le cache derrière une fraîcheur – la fraîcheur de son histoire cinématographique et de l’élan vital de ses protagonistes – qui est calme et posé, nouvellevagueien, élégant, timide et frémissant à la fois.
Une fraîcheur qui ravit le palais et rafraîchit, comme celle d’un verre siroté au soleil, tout en s’abandonnant à cette douceur qui seulement à dix-sept ans peut se ressentir en nous et autour de nous.
Cet été-là avec Irène c’est toiun film d’une grande élégance aussi dans sa forme, dans la composition de ses plans, dans les images qu’il projette à l’écran. Mais, là aussi, il ne s’agit pas d’une élégance ostentatoire, formelle et plâtrée : c’est l’élégance simple et décontractée de certaines robes d’été, des chapeaux portés par ses protagonistes, de leurs lunettes, de leurs costumes, de leur gestuelle.
Voici, Cet été avec Irène est un film qui trouve son élégance dans l’essentialité spontanée du geste cinématographiquedans le renoncement désinvolte à toute fioriture inutile, à chaque mot de trop, à tout son superflu.
C’est ainsi qu’il atteint son objectif. C’est ainsi qu’il est efficace dans l’élan vital qu’il raconte, et dans son propre sombrer douloureusement et négligemment dans la dimension éthérée de la mémoire.
Un souvenir qui est aussi visuel, et qui se matérialise avec un éclair d’intelligence dans l’utilisation apparemment désinvolte et désinvolte d’une caméra vidéo capable de figer le présent des protagonistes, et qui, dans une fin gérée avec la grâce de tout le film, devient un pont idéal et mouvant entre passé et futur.