Commentaire de Bestas

Le grand talent de ce réalisateur espagnol se confirme dans ce thriller implosé qui, comme toujours, accorde une grande attention aux sentiments des personnages. Et cela réserve une remarquable surprise narrative. Présenté d’abord à Cannes, puis au Rome Film Fest. Revue par Federico Gironi.

Ce n’est pas que vous puissiez être surpris. Ce n’est pas que vous pouvez tomber du poirier. Parce que nous vous le disons depuis un certain temps, Rodrigo Sorogoïen il est l’un des talents les plus intéressants et les plus cristallins du cinéma mondial. Nous l’avons dit en parlant de films comme Dieu nous pardonne Et Le Royaumeet encore lorsque la série sensationnelle est arrivée en Italie Antiperturbations.
Si possible, avec le nouveau Comme Bestas (Les bêtes), Sorogoyen il a réussi à faire encore mieux que son cinéma précédent, réalisant un beau filmtrès compact, très noir mais capable des ouvertures habituelles, très sobres au sentiment qui sont des larmes dans le cœur des spectateurs.
Un film qui vous saisit dès la première scène et ne vous lâche pas jusqu’à la fin.

L’intrigue est essentielle. Il y a Denis Ménochet Et Marina Foïs (phénoménal), un couple de Français qui s’est installé dans un village reculé et semi-habité de la Galice pour cultiver leur rêve de créer une ferme éco-durable, et peut-être rénover une vieille maison inhabitée pour y amener des touristes. Là, cependant, une société norvégienne voulait construire un parc éolien, et le fait que le couple ne voulait pas vendre leur terrain, convaincant les autres de faire de même, les a rendus impopulaires, c’est le moins qu’on puisse dire, auprès de ceux qu’ils auraient volontiers de l’argent empoché pour changer de vie. Surtout à une paire de frères très rugueux (Luis Zahera et Diego Anido, phénoménaux aussi), qui commence à viser, d’abord seulement psychologiquement, puis aussi physiquement, « le Français » et sa femme.

Dans Comme Bestas il y a une attention obsessionnelle, une observation statique mais participative de un monde naturel à mi-chemin entre une utopie paysanne et la forêt sombre, effrayante et automnale des contes de fées, aux maisons délabrées, aux portes délabrées qui enferment le bétail. Au mobilier clairsemé de l’unique bar de la ville, où les provocations des locaux pétillent contre « le Français », contre l’envahisseur, celui qui leur enlève l’argent qu’ils méritent après une vie de labeur paysan.
Les environnements et les situations peuvent, bien sûr, rappeler des titres tels que Chien de paille Et Un week-end tranquille de peurmais il n’y a pas de dérivations directes, c’est une suggestion cinéphile : Comme Bestas tout est de la farine de sac Sorogoyen.
UN Sorogoyen qui génère dès la première minute une très haute tensiondans son film, qui le restera, et presque toujours implosé et souterrain. Le caractère de Ménochet est celui de Luis Zaherason ennemi juré et voisin, sont les deux pôles par lesquels Sorogoyen fait circuler une électricité presque insoutenable, qui est générée par la façon dont le réalisateur les cadre et gère leurs silences, par les blagues et les dialogues incroyables qu’il leur fait passer. bouche et un contrôle insensé sur le jeu d’acteur.

Vient alors le tournant.
Il arrive un événement qui dans n’importe quel autre film aurait été décisif, et concluant, mais qui pour Sorogoyen est l’ouverture d’un nouveau chapitre, conséquent et concluant de l’histoire. Ce qui compte peut-être le plus pour lui, pourquoi de cœur et de sentiments, de liens et pas (seulement) de frictions, il parle. Il parle d’une histoire d’amour, et de son séjour, têtu, malgré tout.
Encore une fois, des silences et des échanges lacérants (comme celui entre le personnage de Marina Foïs et celui de la fille, mais aussi comme celui entre la femme et la mère de ses deux voisins-ennemis, qui reste muet), qui ils transforment le thriller en un drame sentimental dévastateur et émouvant.
Un drame qui parle d’amour, de morale, de justice : ce que Sorogoyen a toujours raconté, à sa manière, dans chacun de ses films.