Arrive aujourd’hui au cinéma distribué par Vision Distribution Brado, le troisième film réalisé par Kim Rossi Stuart, dans lequel le réalisateur et acteur continue de raconter la relation entre un père et un fils. Voici notre critique du film.
Tout est une question d’équilibre. L’indispensable pour apprivoiser un cheval sauvage, celui de l’intérieur et de l’extérieur toujours difficile à trouver dans la vie, celui qui se transmet de père en fils – génétique – qui apporte nouvelle génération pour se rebeller contre l’ancienne, tout en restant suspendu au sommet des immeubles, les apprivoisant tel un maçon acrobatique. Tout comme ils étaient les chevaux de l’enfance avec leur père, resté attaché à son ranch dans les collines.
Kim Rossi Stuart comme une obsession personnelle, il parcourt le terrain d’un dialogue entre un père et un fils. Ventre, rarement fait de mots mais bien plus souvent de petits gestes et de grandes passions. A ses (excellents) débuts, La gratuité c’est bien aussiun fils de 11 ans a été témoin de l’effondrement de la vision mythique d’un père, en brado un fils, Thomas (Saul Nanni), il ne veut rien avoir à faire avec son père, Renato (Kim Rossi Stuart). Une chute et une fracture de ce dernier conduisent à un rapprochement initialement uniquement physique, dans lequel les espaces de l’insolite élevage familial de chevaux sont piétinés à la fois dans un jeu de répulsion et de souvenirs évanouis qui les oblige à se regarder dans les yeux, mais surtout dans le cœur.
C’est en fait une histoire profondément intériorisée, entre deux hommes à la recherche d’une formule pour dissoudre les touffes empilées de ressentiment, de colère et de regret. Il est étouffé comme l’amour absolu de ses deux protagonistes, fait de peu de mots et d’une intimité médiatisée par les soins communs des animaux qu’ils aiment tant et les avaient unis des années auparavant. Il intercepte un autre moment clé dans la relation entre un père et un fils, celui où le jeune homme surpasse l’ancien en vigueur physique. – et dans ce cas aussi la maturité globale -, dans laquelle le cycle naturel le place devant le rôle de protecteur d’une personne plus faible qui, pendant les premières années de sa vie, avait été une idole, un super-héros et invincible.
La vision malsaine des femmes de Renato est également brisée dans la transition générationnelle, brûlée par la séparation avec la mère de Tommaso, qui le conduit à une désillusion colérique. C’est en général la vision de la vie, des rapports au monde qui évolue chez Thomas, dans la douceur d’une conscience de soi renouvelée, dans la régénération qui vient de l’ouverture et le refus de fermer un père désormais irrémédiablement bloqué par son passé, qu’il ne pourra jamais totalement surmonter.
Brado est un drame de cœur, de tendons et de courage, anobli par un travail remarquable sur la représentation réaliste des chevaux et des cavaliers. Il s’habille en histoire de sport, avec la préparation du cheval désormais apprivoisé, splendide co-vedette, et de Tommaso, vers un retour aux compétitions de cross, avec un mélange de l’histoire de la formation et du portrait d’un monde en voie d’extinction, perché dans ses clôtures et ses passions, alors que tout autour de lui change. Cowboy solitaire têtu, Renato est un Clint Eastwood peut-être « du pauvre », mais sans une once d’artifice, sincère jusqu’à l’entêtement défaitiste. Il vit au rythme du fumier à pelleter, du vent fort et de l’odeur de l’étable. Témoin obstiné de l’incommunicabilité, il est le cheval sauvage que rien ni personne ne pourra jamais apprivoiser, galopant toujours au crépuscule sur les notes d’une ballade western.