Critique de Scream VI

La saga des éclaboussures et des métafilms de Scream se poursuit avec une intelligence et un plaisir inchangés avec Scream VI. L’avis de Daniela Catelli.

En Amérique, parmi les nouvelles réalités du cinéma qui ont émergé avec force de la sphère indépendante, il y a les Daniel De Tout partout tout à la foisSilence radio. Seulement que ce dernier, ou le duo de réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin Et Tyler Gilletteavec Tchad Vilella en production, ils n’atteindront jamais la scène des Oscars, étant donné qu’ils font des films qui, aussi intelligents et actuels soient-ils, ont la forme de l’horreur extrême, communément appelée splatter. De même, les brillants scénarios de James Vanderbilt Et Guy Busick ils ne recevront aucun prix majeur. Après avoir redonné vie à la saga Craven avec Crierl’année dernière, ce groupe créatif continue de surprendre et de ravir les fans avec Cri VIune suite réalisée en un temps record, qui malgré la défection de Neve Campbell pour des raisons contractuelles/économiques (mais son personnage est largement évoqué et cela nous donne de bons espoirs pour la suite), ça ne perd pas un iota en qualité mais au contraire ça va quand même au-delà des taux sanguins (et du nombre de corps associés) et de la réflexion méta-cinématographique. Mais ce n’est pas tout, car cette fois-ci on ne parle pas seulement de films d’horreur aux nombreux et savoureux hommages, voire à notre cinéma de genre, disséminés ça et là, mais notion de sagaqui a dépassé l’idée de séquelles, de redémarrages, de « requels », de spin-offs, etc., de protagonistes historiques (désormais consommables) et de nouveaux, de réseaux sociaux qui doivent détruire votre réputation avant – dans ce cas – de vous sortir, du complot, des familles qui peuvent être à l’origine du mal mais dont vous pouvez aussi vous émanciper, construire une alternative avec vos amis les plus fidèles, et bien plus encore.

De l’intrigue, comme pour la précédente, c’est un péché mortel de révéler quelque chose, alors résumons brièvement ce que nous savons déjà. Survivantes des massacres qui les impliquèrent à Woodsboro, les sœurs Carpenter, Sam (Mélissa Barrera) et Tara (Jenny Ortega), déménager à New York pour aller à l’université, avec des amis Mindy (Jasmin Brun de Savoie) et le Tchad (Maçon Gooding). Mais un an plus tard, tous deux sont toujours traumatisés : Sam a peur de devenir comme son père, le premier maniaque, Billy Loomis (Skeet Ulrich), entre en analyse et surprotège sa sœur cadette. Ghostface revient hanter leur vie même dans la grande ville, où, à l’approche d’Halloween, les masques dédiés au personnage se multiplient, rendant encore plus difficile de se défendre. Les soupçons sur Sam en tant qu’auteur possible des crimes commencent à s’insinuer sur les réseaux sociaux et les médias. Pour prêter main forte au groupe d’amis, qui ne savent plus à qui faire confiance, il y a Kirby (Hayden Panettière), grièvement blessé en Cri 4 (Stab 4 dans la fiction) et maintenant au FBI, un flic (Dermot Mulroney) père du colocataire de Carpenter et de Gale Weathers (Courtney Cox), la présentatrice qui a écrit un livre sur les événements de Woodsboro, où elle a perdu son ex-mari Linus, et est la vétéran de la série (en fiction et en réalité).

Les scénaristes renversent ingénieusement nos attentes à plusieurs reprisesà partir du beau début, qui subvertit mais re-propose le thème classique du coup de téléphone avec meurtre, alla scène post-générique que seuls quelques-uns resteront peut-être à voir (mais ces quelques chanceux auront le dernier bon rire). Comme le précédent aussi Cri VI parmi les nombreux thèmes dont nous parlions, il met l’obsession des fans pour les sagas dans la berline, qui mène souvent à un véritable culte, leur niveau de manie et les inévitables explications finales, typiques de ce genre de film. Quand les choses semblent devenir trop prévisibles et évidentes, ici ils nous font comprendre, avec un gimmick ou une blague, qu’ils le font exprès et se moquent de nous. Si le sang coule librement, cette fois Ghostface, en plus des lames, son arme de prédilection (qui dans certaines scènes, chorégraphiées comme un ballet synchronisé, sont doubles) utilise également un fusil de chasse, un pistolet et une échelle, alors que pour le combattre tout est utilisé, y compris une télévision (celui qui reconnaît la citation mérite un beau prix). Scream VI est un film pour le jeune public, mais aussi pour ceux qui ont grandi dans les années 80 avec les films de Wes Cravencomme les cinéastes, qui connaissent tellement le sujet qu’ils peuvent se permettre des histoires bien plus complexes que les intrigues lourdes et mécaniques imaginées, pour citer une franchise à succès, en Rian Johnson pour ses mystères de meurtre.

Ici, vraiment, vous ne savez jamais à quoi vous attendre, nous ne sommes jamais en sécurité et nous ne savons pas qui se cache sous le masque emblématique de Ghostface et la cape inconfortable. On pourrait aussi le deviner s’il y avait le temps de s’arrêter et de réfléchir, mais parmi les mérites de Bettinelli Olpin Et Gillet il y a aussi celui d’accorder au spectateur, comme aux protagonistes, quelques instants de pause pour réfléchir. Le casting est maintenant rodé et efficace et potentiellement, si les auteurs ne s’ennuient pas, il y a maintenant suffisamment de matériel pour continuer. L’important est de ne pas transgresser une règle fondamentale : ne jamais devenir trop prévisible et descendre d’un niveau : mais vu comment même du pire film de la série, Cri 4ont réussi à trouver quelque chose de bien, on dirait que ce risque est encore loin.