Examen de 200 mètres

Après avoir reçu le prix du public aux Venice Days 77 et des prix flatteurs dans d’autres festivals internationaux, 200 mètres arrive en salles le 25 août, distribué par I Wonder Pictures et Unipol Biografilm Collection.

Tout est très simple. Tout est très compliqué.
La question israélo-palestinienne est compliquée, il est simple de comprendre l’absurdité et l’inhumanité d’un mur qui sépare familles, affections, relations et liens, et qui fait à une poignée de mètres, les deux cents de ce premier film de Ameen Nayfeh une distance insurmontable à parcourir même en cas d’extrême nécessité, face à un fils qui a eu un accident et un père qui doit courir à son chevet.
Des besoins fondamentaux, des besoins primaires, des choses simples, avec lesquelles Nayfeh donne une universalité et une accessibilité totales à ses 200 mètresqui est un film où la politique est d’autant plus présente qu’elle semble absente de l’histoire, et où la politique finit par être celle de ce qui devrait peut-être être le plus souvent, c’est-à-dire non pas les systèmes maximaux, mais la pratique du quotidien la vie.

Tout est très simple, en 200 mètres, qui est en substance l’histoire d’un homme qui se retrouve contraint à une petite odyssée, parsemée de rencontres dramaturgiquement utiles, pour rejoindre son enfant à l’hôpital. Tout est très compliqué, en 200 mètresà cause bien sûr de cet homme, qui est joué par un très bon acteur qui s’appelle Ali Sulimanprotagoniste d’un tour de force en tant qu’acteur très sobre et très intense, toutes sortes de choses vont arriver à cet homme.
Des aventures qui sont là pour illustrer, avec art, le caractère paradoxal et surréaliste de ce mur, de cette situation, d’une impasse née non pas d’un match nul mais d’une disproportion sans précédent entre les forces.

La ligne sur laquelle Nayfeh procède est mince, au risque de tomber, et de part et d’autre le gouffre dans lequel on tombe est celui d’un didactisme excessif, résultat d’une simplification. pourtant ce jeune réalisateur palestinien, qui se voit parler de choses qu’il connaît bien, et qui en parle avec raison, reste toujours en équilibre grâce à l’absence d’ambitions démesurées, à la conscience que la foulée plus longue que la jambe ne l’est pas, là, marcher sur cette ligne fine, vous ne pouvez pas faire cela.

200 mètres, puis, il procède à petits pas, toujours soucieux de rester dans le lit de cette simplicité – même dans le langage du cinéma – qui permet aux nombreuses figures et situations exemplaires de ne pas être alourdies par un poids métaphorique excessif, toujours accroché à l’essentialité des sentiments les plus fondamentaux du sentiment humain.
« Je dois aller voir mon fils » est le mantra du protagoniste, face à tout accroc, querelle ou adversité.
Ce sentiment, ce besoin, si subtil et si aigu, pénètre facilement le spectateur et le conquiert. Plus que de nombreux discours et de nombreux mots de films plus explicitement complexes et politiques.
Au final, tout est une question de lumières qui s’allument, de distances qui se raccourcissent, de pères qui feraient n’importe quoi pour leurs enfants.