Examen de la lumière

Le nouveau film de fiction du duo de réalisateurs Il Cratere arrive au cinéma. Un film mystérieux et ambigu, fait de fantômes et de désir. La critique de Luce par Federico Gironi.

Il fait nuit et le protagoniste anonyme qui a le visage anguleux de Marianne Fontana elle est en train de réparer, avec l'aide d'un ami, un téléphone portable sur un drone. À côté du téléphone, une note sur laquelle est écrit – peut-être – « votre fille ». Les deux tâtonnent en silence, il s’agit évidemment d’une opération clandestine. Puis le drone décolle, décolle, et on voit le protagoniste du film, de dos, devant un mur immergé dans la nuit, le drone passant dessus. Qu'y a-t-il derrière ce mur ? Qui est là ? Le panneau indiquant « Zone militaire infranchissable » compte-t-il ou non ? Nous ne savons pas, peut-être que cela n'a même pas d'importance. Ce qui compte, c'est que le logo du titre du film apparaisse sur cette image, si nocturne, si sombre : Lumière. Il est important que peu de temps auparavant, le pilote du drone ait prononcé une phrase aussi désinvolte que fondamentale dans la voiture : « Les vœux valent mieux que les promesses ».
Pourquoi Silvia Luzi et Luca Bellino parlent de cela : du désir.

Du désir de leur protagoniste de parler à un père éloigné, peut-être en prison, peut-être évadé. Peut-être celui qui l'appellera ensuite depuis le téléphone porté par le drone.

La focale est courte, très courte, l'appareil photo accroché au visage de Fontana, presque obsédé par ses géométries externes, au moins autant que par ses géométries internes. Car lorsque le téléphone se met à sonner et qu'une voix masculine parle, tout est mystérieux, tout est indistinct, flou comme les environnements dans lesquels évolue le protagoniste. ET personne ne veut nous le dire, ou peut-être peut dis-nous, si cette voix est réelle – une voix humaindans tous les sens du terme – ou si c'est juste le désir d'une fille de ressentir quelque chose, de parler à quelqu'un, d'imaginer un parent.
Ainsi que le titre Lumière court-circuités par l'obscurité contre laquelle ils se trouvaient, Luzi et Bellino font clairement référence à leur expérience de documentaristes (dans le style, mais aussi dans les descriptions implicites de l'usine où travaille le protagoniste, avec les mécanismes et les relations) tourner un film on ne peut moins documentaire, aussi chargé qu'il parle de fantômes, de fantasmes et de désirs.

Dans cette relecture auctoriale et existentielle très personnelle et ambitieuse du thriller, l'obsession est pour l'ailleurs, pour le symbole, pour les zones frontalières. Celui entre le réel et l’irréel, d’abord, certainement. Peut-être, du côté du spectateur, aussi entre compréhension et obscurité, effort et charme, hermétisme et formalisme. Mais, pour le protagoniste, aussi celles entre soi et les autres, entre une époque et une autre, entre indétermination et conscience de soi. Entre conscience et inconscience.
Parce qu'en fin de compte, réelles ou irréelles, les conversations de la protagoniste avec l'homme qui est peut-être son père, peut-être pas, peut-être est-ce juste son imagination, la forceront à ouvrez les yeux. Sur les autres, sur le monde, mais surtout sur soi-même. Pour vous reconnaître pour ce que vous êtes.
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