Examen de la princesse

La section Horizons de la Mostra de Venise 2022 a été ouverte par le drame Princess réalisé par Roberto De Paolis, à sa deuxième œuvre après son premier Cuori puri présenté à Cannes. L’avis de Mauro Donzelli.

Un conte de fées plein de couleurs, pourtant tellement ancré dans la réalité. Celui de Roberto De Paolisau deuxième ouvrage après l’apprécié Coeurs pursest une immersion anthropologique dans un univers, essayant de le représenter avec la moindre intrusion possible du regard de l’irréalité, malgré tout, représentée par le cinéma et le spectateur. Princesse elle est la princesse de ce conte de fées, elle vit dans un royaume apparemment éloigné de la métropole, mais en réalité elle est immergée dans le vert sauvage de la côte romaine, à quelques pas d’Ostie. Sa forêt enchantée excentrique.

EST une adolescente immigrée clandestine nigériane qui vend son corps. Il a recréé son château, avec un pont-levis représenté par la distance de sécurité entre les clients potentiels, qui mène à la route, et son lit isolé à l’intérieur. Une forêt de pins qui rejoint la mer, un no man’s land colonisé par Princess avec d’autres collègues, dans un journal jovial, insouciant et certes orienté vers gagner l’argent nécessaire pour vivre, mais sans la patine d’un lourd jugement moral et piétiste typique du cinéma qui raconte l’immigration, la prostitution et diverses déclinaisons du concept de marginalité ou d’exclusion.

Bref, au moins pour une bonne partie de cette histoire, De Paolis a construit des personnages et une dynamique en s’immergeant dans la réalité de ces filles, à l’écoute. Un parcours qui présente naturellement des obstacles et de nombreux antagonistes déguisés en princes bleus. La journée commence par une prière pour invoquer les bons clients et non les mauvais, peut-être violents. Une représentation aux limites de la vision documentaire, sans franchir la frontière inappropriée qui sépare le lyrisme de la déchéance. C’est un conte de passage à l’âge adulte animé avec seulement quelques blessures de plus que la plupart des filles à la recherche d’un destin à vivre pleinement. Gloire Kévin, interprète d’un quotidien très proche du sien. Il donne à son personnage une pureté pastel. à ne pas confondre avec naïveté ou pire encore faible intelligence. Celui de Princesse est en fait aussi un masque qui la protège du cynisme du monde qui l’entoure, l’isolant dans son château. Un rôle joué lorsqu’il entre en scène – sur le terrain – dans son travail, se laissant souvent aller – hors écran – à des commentaires salaces et implacables sur des clients avec ses compagnes de la forêt.

Une immersion dans la vie des filles, celle de Princesse, avec de petites variations et à sa manière hypnotique et amusantjusqu’à la césure représentée par l’irruption d’une âme candide, un bon Samaritain qui semble vouloir l’aider, Lino Musella, un acteur toujours juste et jamais désaccordé. S’instaure alors une relation qui crée un vide chez le jeune protagoniste et place le regard de l’auteur derrière la caméra au premier plan, ramenant le film sur des terrains plus traditionnels et moins surprenants, ceux du rite de passage. Cependant, évitant louablement la figure du prince charmant sur un cheval à deux places.