Ecrivain en herbe en crise, voleur d’appartements et blonde fatale : le plus classique des triangles noirs est détonné par le jeune et débutant Nolan dans une série de fragments et de vecteurs qui fascinent et anticipent son cinéma à venir. La critique de Follow de Federico Gironi.
Un jeune écrivain (en herbe), un cambrioleur d’appartement, une blonde fatale.
Trois sommets pour le plus classique des triangles noirsqui, cependant, entre les mains de Christophe Nolande Nolan, 28 ans, et faisant ses débuts, il ne pouvait rien faire d’autre que exploser en une myriade de vecteurs réarrangés le long d’un récit et d’une chronologie pleine de sauts, de surprises, de pièges et de rebondissements.
C’était en 1999, mais avec suivant Nolan il savait déjà très bien ce qu’il attendait du cinéma. Du son cinéma. Et il savait déjà très bien ce qu’il voulait demander (et donner) à son spectateur.
Tourné sur une base très économique (£ 6000), suivant il a fallu des répétitions très longues et obsédantes pour ne tourner que l’essentiel et économiser sur ce qui était fondamental pour le réalisateur : le film 16 mm. Aujourd’hui, Nolan est arrivé le 70mm IMAX.
Mais il n’y a pas que le film, ou la temporalité éclatée et réarrangée, qui fait di suivant tun film Nolan à part entière. A l’intérieur il y a déjà ses obsessionsles dialogues, cette gravité indubitable, la gestion typique du sentiment, l’approche théorique (aussi au cinéma, et aux images), l’idée de relativité, celle d’illusion, de doubles, de paradoxe.
Il y a même un personnage qui s’appelle Cobbcomme celui joué par Di Caprio dans Créationet il y a même le logo de Homme chauve-souris sur la porte de la maison du protagoniste : signe du destin, ou de l’entêtement d’un auteur.
Ce qui manque – heureusement pourrait-on dire – c’est la durée du fleuve : pourquoi tout, dans Follow, s’écoule en 70 minutes agiles et toutes passionnantes.
Il n’est pas seulement fait de trajectoires et de géométries et des règles implacables du genre, du cinéma et de la nature humaine, suivant est un film de visages (le protagoniste semble être un croisement entre Bowieun jeune homme Mc Gregor Et McAvoy; la femme fatale est blonde et impitoyable, oui, mais avec un visage un peu prolétaire), mais surtout un film de regards. Des points de vue. D’observation.
Tout a commencé parce que l’écrivain, par ennui et par passion, a commencé à suivre des inconnus dans la rue, rencontrant le voleur qui allait devenir son maître, et à travers lui la femme mystérieuse dont il est tombé amoureux. Tout découle de la tentative d’isoler et de faire ressortir l’individualité de la masse indistincte de la foule : autant que le XXe siècle, dans tout cela.
Il serait trop facile, et peut-être même faux, de mettre en parallèle ce suivant avec les débuts du réalisateur cui Nolan est trop souvent comparé : Stanley KubrickLe Kubrick De Brillant dont une image, manifestement nicholsonienne, apparaît sur le mur à côté du bureau du protagoniste, accompagnée d’une photo de Marilyn et un de Casablanca. Mais il est aussi incontestable qu’entre suivant Et Vol à main arméeEt baiser du tueur, il y a des convergences.
A le voir pourtant, ce premier film de Christophe Nolanen le regardant du point de vue privilégié de quelqu’un qui est un quart de siècle plus tard, ce qui frappe le plus, ce sont certaines assonances, pas seulement chromatiques, avec un autre début de ces mêmes années : Pi – Le théorème du délire De Aronofsky.
Comme si ces deux réalisateurs si différents, si éloignés et pourtant si proches, pouvaient saisir, à l’aube du nouveau millénaire, des angoisses, des angoisses, des paranoïas et des fragmentations qui, dès la fin du XXe siècle, auraient confondu nos années 2000 et au-delà.