Présenté en compétition à la Mostra de Venise, Iddu est le film du duo Grassadonia et Piazza qui raconte l'histoire méconnue d'un parrain en quelque sorte sous-estimé. Entre ridicule et rires grotesques, la relation entre un mafieux et un petit homme politique. La critique d'Iddu par Mauro Donzelli.
Pizzini en comparaison, entre hommes de pouvoir et hommes d'honneur, toujours avec ce sens du ricolo qui ne fait pas de mal. La mafia et ses variations entre le grotesque et l'enfantin, toujours sans vouloir diminuer sa portée criminelle, sont au centre de la production cinématographique de Fabio Grassadonia Et Antonio Place. Leur travail collaboratif les a amenés, après leurs débuts avec Sauvegarderapprécié à la Semaine de Cannes, à la reconstitution à l'originalité suspendue de Histoire de fantômes siciliens. Ils reviennent pour désamorcer la linéarité de l'histoire mafieuse dans Iddubien que cette fois ils s'aventurent dans un territoire plus conventionnel, avec le récit d'un moment peu connu de l'histoire fugitive de Matteo Massina Denaro. Une défiguration qui a duré près de trente ans, qui est devenue une synthèse factuelle de la complicité et des suspicions dans l'action des institutions et dans la capacité du phénomène mafieux à avoir encore un impact profond sur le territoire.
L'obsession pour l'écriture du proverbial pizzini a fait ressortir la correspondance de Messina Denaro avec un petit homme politique grisonnant. Nous sommes au début des années 2000 et la fortune de ce dernier est en chute libre, après quelques années de prison et un dilemme moral qui lui est servi par les services secrets : aider à capturer l'introuvable en échange d'un retour à ces jeux ambigus entre la politique, la petite délinquance et les relations avec les clans dont il est désormais coupé. Iddu met en scène un jeu de masques entre les deux monades de cet affrontement lointainamplifiant chaque possible malentendu et mettre à l'épreuve la petite ruse du politicien Catello, face à un homme obsédé par le secret et son propre emprisonnement solitaire.
C'est la figure de Messina Denaro qui surgit de manière cristalline, comme un requin rôde en perpétuel mouvement pour contrecarrer son emprisonnement qu'il s'est imposé.mais sans jamais trouver la satisfaction d'une traînée de sang sur laquelle déchaîner sa colère et sa soif de pouvoir. C'est un tyran incapable de se nourrir de la peur aux yeux de ses subordonnés.des bénéficiaires de son statut de parrain ultime. Alors ce dialogue à distance avec la médiocrité de Catello alimente encore plus sa frustration, déchaînée envers les petits prédateurs de son clan qui entourent occasionnellement le grand patron, en plus de l'envie de vengeance.
Deux masques de la commedia dell'arte qui s'affrontent dans une tragi-comédie aux accents grotesques dans laquelle s'entassent personnages secondaires, subordonnés et petits ouvriers, institutions plus ou moins secrètes et proches. Un univers surpeuplé qui tend à disperser le champ de la comparaison à distance, relâchant le rythme et les tonalités d'un récit plutôt ordinaire et sans vie, surtout lorsque les deux catalyseurs du ridicule (sain) et de la tension symbolique des médiocrités nationales ne sont pas en vue.