il n'y a plus la série B du passé

Produit industriel solide mais incolore, le nouveau chapitre de la franchise Predator est entièrement consacré au fan service et à l'enthousiasme pour les conventions. La critique de Predator: Badlands de Federico Gironi.

«Les Yautja ne sont la proie de personne. Ce ne sont les amis de personne. Ce sont des prédateurs de tout le monde. »
C'est ce qui est dit au début de Predator : Badlands. Il s'avère donc que ceux que nous avons toujours appelés jusqu'à présent « les prédateurs » sont en réalité une race de créatures appelée Yautja. Le nom vient des fans. Ou plutôt : de la traduction inédite de la bande dessinée Aliens vs. Predator conçue par Steve Perry. Le fait est que maintenant que les Predators ont des noms, voire des noms propres, on en sait plus sur leur planète et leurs habitudes. Comme celui d'aller chasser les créatures les plus dangereuses de l'univers pour prouver sa valeur, ou le fait qu'il faut éliminer les plus faibles du clan, car c'est une honte plutôt qu'un danger pour tout le monde. Même si le plus faible du clan est ton fils.
Predator : Badlands part de là, avec un Yautja nommé Dek, un Yautja considéré comme faible car empathique, qui, pour éviter d'être tué et prouver sa valeur à son père, compte ramener à la maison comme trophée la bête dont même son parent a peur. Évidemment, la planète est pleine de dangers, et chasser la bête ne sera pas facile, même avec l'aide du synthétique Weyland-Yutani (la « Compagnie » de la saga Alien) nommé Thia qu'il trouve endommagé en cours de route.

Maintenant, à ce stade, je pense que les éléments exposés sont suffisants pour dire les quelques choses qui valent la peine d'être dites ici à propos de Predator : Badland. Celui de Dan Tratchenberg, qui avait fait mieux avec Prey et l'animation Predator : Killer of Killer, est un film qui du point de vue de la finition (et même de l'action, aussi élaborée et raffinée soit-elle à sa manière) est un produit industriel si standard, raffiné et poli qu'il n'est certainement pas désagréable, mais plutôt insipide.
Mais le plus important est de souligner que dans les premières minutes du film, à partir du moment où l'on voit Dek et ce que l'on découvre être son frère combattant dans une grotte avec des épées à plasma, puis dans l'histoire des querelles de famille, et encore dans la description de la nouvelle planète sur laquelle atterrit Dek, avec mille espèces animales et végétales extrêmement dangereuses, et avant même l'arrivée d'une drôle de petite créature qui deviendra le troisième élément de l'expédition, il est clair que Predator: Badland est né d'un besoin industriel de starwarse la saga, pour tenter d'en faire un nouveau point de départ pour une franchise qui peut devenir beaucoup plus complexe qu'elle ne l'a été jusqu'à présent et qui, avant toute chose, pose le problème – qui devient un problème pour le cinéma et son évolution – du fan service.
Plus important encore, peut-être, est le fait qu'à l'intérieur de cette coquille se raconte une histoire qui, se concentrant très fortement sur le fait de faire du Prédateur – ou plutôt du Yautia – un protagoniste positif et non le mauvais et impitoyable chasseur, sur l'absence d'êtres humains (sauf sous leur forme rapace et immatérielle, c'est-à-dire la Compagnie) et sur la proposition d'union entre trois types d'êtres différents (le Yautja, le synthétique, le petit animal étrange), Predator: Badlands propose dans une manière subtile (et quelque peu opportuniste) en tant que film qui véhicule des messages presque anticolonialistes, et à certains égards proche de la culture éveillée.

En fin de compte, Predator : Badlands est l'histoire de deux perdants, Dek et Thia, qui, grâce au fait qu'ils ont des capacités empathiques plus développées que leurs pairs, gagnent grâce à l'union de leurs forces. Une sorte de revanche pour les brisés, les parias, les nerds, les différents, qui apprennent qu'ils peuvent être plus et meilleurs que ce que leurs pairs veulent qu'ils soient. Ce qui est bien aussi, bien sûr : c'est dommage que tout cela paraisse si artificiel, plastique, inerte. Bon pour l'enthousiasme des conventions, je n'en doute pas, mais que ça puisse ensuite laisser une trace, cette marque que – avouons-le – seul l'original a vraiment laissé dans la franchise, j'en doute fortement : il n'y a plus la série B du passé.