Une suite tout aussi sombre capable de trouver une clé cohérente pour représenter la bipolarité charisme/dépression de cette version inhabituelle du personnage de DC Comics. Critique de Mauro Donzelli sur Joker : Folie à Deux présentée en compétition à Venise.
C'étaient tous des Jokers, une révolution de mascarades prêtes à chevaucher le mal de la vie d'un individu, Arthur Fleckenvahissant les rues. Nous les avons donc laissés, à la fin de premier Joker De Todd Phillipsqui a également explosé entre ses mains et est devenu un triomphe inattendu tant auprès de la critique que du public, avec onze nominations aux Oscars, un Lion d'Or et la transformation de l'auteur de comédie avisé en La gueule de bois en un favori de la saison des festivals et des récompenses. Évidemment l'interprétation de ce talentueux Joaquin Phoenix avait aidécapable de représenter la séquence des drames de l'enfance et de les transformer en grimaces de colère, rappelant des sourires fous, à l'âge adulte. En parlant de folie, ici ils le font en deux, étant donné que le trait principal de Joker : Folie à deux c'est que de l'expansion de sa folie dans la rue, nous revenons cette fois à l'enfermer là où il vaudrait peut-être mieux la contenir, en prison, et la soumettre à son procès.
Mais il n'est plus seul, maintenant pour la première fois il se sent aimé, par Harley Quinn qui apparaît avec les traits de Lady Gagace qui aide étant donné que la schizophrénie, la personnalité bipolaire dédoublée caractéristique du personnage, se transforme cette fois, du point de vue de la mise en scène, en une série d'interludes dans la vie derrière les barreaux et dans la salle d'audience, dans lesquels le triste Arthur Fleck qui risque la peine de mort pour avoir tué cinq personnes (peut-être six) renvoie Joker. Au rythme de chorégraphies amusantes et de versions personnelles de chansons insérées de manière constructive, capables d'accompagner les ambiances et de souligner les tournants narratifs et les espoirs, comme celui de la chute amoureuse de Lee et Joker. Du moins tant qu'on reste sur le terrain du rire sardonique, des couleurs et de la scène avec un public extatique, du « C'est du divertissement».
Du masque, en somme, dont la chute brutale pourrait provoquer la fin de la révolution et aussi de la séduction médiatique. À l'ère de la vitalité et des révolutions stupides, Joker soumet au jugement du tribunal et du public sa force de croire à nouveau à la vie, à travers l'amour et le rire, étouffant ses larmes et la silhouette grise d'un corps qui ressemble à un clown devient un papier. -marionnette en mâchétout penché et réticent à se tirer une balle dans la tête. Sans parler de la réaction de la foule face à un Joker qui rejette les règles du divertissement pour revenir chez Arthur. Il reste une vision pour le moins sombre de la foule et des risques de dérives continues, de contagion de la folie, de l'individu vers la société dans son ensemble. Phillips ne peut s’empêcher de remarquer un monde qui, au cours de ces quatre années, n’a certainement pas retrouvé la raison, mais qui est tout au plus au bord de la folie.
Les chansons sont parfaitement insérées en contrepoint aux pas de deux des protagonistes, Phoenix confirme la fonctionnalité de sa voix rauque pour le chant qu'il avait démontré au moins dans Quand l'amour brûle l'âme. Nous n’avions certainement plus aucun doute sur sa capacité à se situer entre les abysses du désespoir et les sommets indisciplinés du charisme destructeur. Joker : Folie à deux a trouvé une clé pour poursuivre avec cohérence et puissance les traits stylistiques du premier chapitre, il est suivi avec horreur et tension, également grâce à une partie finale dans laquelle émergent les bons choix scénaristiques et cette patine de nihilisme ça reste irrévérencieux.