Joyeux anniversaire professeur ! Roman Polanski fête ses 90 ans

Aujourd’hui 18 août Roman Polanski fête ses 90 ans. Il les interprète en éternel exilé et rebelle, rescapé des persécutions nazies, des rigueurs du « vrai communisme », de la mort de sa mère dans la lager, du massacre de sa femme Sharon Tate et du fils encore à naître, à la « justice » américaine, à la haine des gens qui souvent ne connaissent même pas toute l’histoire de leurs scandales et ne sont pas intéressés à la connaître et à connaître le réalisateur et l’acteur, capables de donnant à l’histoire du cinéma une série interminable de chefs-d’œuvre. Parler de lui semble même superflu : il y a des études sur son cinéma, des biographies et une belle autobiographie de lui, désormais introuvable en version italienne, publiée en 1984 par Bompiani. Mais il y a surtout des documentaires qui le racontent très bien et qu’il faut voir sans préjugés, ce qui semble aujourd’hui impossible : l’un est le film du critique et historien du cinéma Laurent Bouzereau, Roman Polanski : Une note de filmirà partir de 2012, sorti en DVD avec le livre pour Feltrinelli Cinema (ici notre avis), l’autre, à partir de 2021, est Ville natale – Memory Lane (on en parle ici), qui le voit retourner dans sa Cracovie natale, abandonnée dans l’enfance, en compagnie de son ami de l’époque, le photographe Ryszard Horowitz.

Roman Polanski maître du cinéma, garçon espiègle, survivant têtu

Au cours de sa carrière, de 1955 à aujourd’hui, entre une douleur atroce et une autre qui aurait écrasé n’importe qui, Roman Polanskytrempé par la vie depuis tout petit, a signé 22 longs métrages et plusieurs courts métrages, et a même réalisé un clip pour Vasco Rossi (Les anges). Il a joué au théâtre La métamorphose De François Kafkaà Paris, dans une édition mémorable, car il a toujours été un Bon acteurcomme en témoigne l’un de ses chefs-d’œuvre : Le locataire du troisième étaged’après le roman d’un autre grand artiste « irrégulier », Topor, toujours l’un des films les plus angoissants et paranoïaques que nous ayons jamais réalisés. Les films de ce réalisateur polyglotte à l’intelligence et à l’humour uniques ne sont pas tous des chefs d’oeuvre, c’est vrai : ils ne sont pas particulièrement réussis (avis subjectif) pirates, frénétique, La neuvième portemême si même dans ceux-ci on peut voir l’étincelle du génie mais quelle filmographie il a ! Répulsionle susdit Locataire, Le bébé de Rosemary, quartier chinois, Thèse, Macbeth (où il transfigure toute l’horreur du massacre de sa famille), Le pianiste (dans lequel, sur l’histoire de Spielman, il greffe les souvenirs indélébiles de sa terrible enfance), suffirait pour dix carrières. Et même dans ses films les moins occupés, comme Que? Et S’il vous plaît ne me mordez pas le cou, il y a un esprit mordant, joyeux, presque coquin. Aidé par son petit physique et son air de garçon, Roman Polansky il a grandi sans vieillir, comme on peut le voir dans la citation Ville natale. Il a traversé près d’un siècle, cependant, grandissant en sagesse et en intelligence. Tous ceux qui ont eu la chance de le rencontrer et de l’entendre parler (comme votre humble serviteur, lorsqu’il a été invité à Rome pour recevoir le prix Filmcritica et plus tard pour présenter Oliver Twist), buvait ses paroles, enchanté de l’entendre raconter, de le voir passer avec une extrême facilité de l’italien au français et à l’anglais, intolérant à la droite, généreux au-delà de toutes limites. En Italie, il a trouvé un ami, un admirateur et un producteur en Luc Barbareschi, à qui nous sommes reconnaissants, et il n’est pas d’acteur qui ne veuille être dirigé par lui ou qui regrette d’y avoir travaillé. Nous attendons avec impatience Le palais, son dernier effort, sûr qu’il ne nous décevra pas. Et puisque chaque cinéphile a son Polanski préféré, nous vous invitons à fêter cet anniversaire important en mettant un de ses classiques dans le lecteur DVD, à revivre les émotions ressenties au cinéma ou, si vous êtes plus jeune, à essayer d’imaginer ce qu’il essayé qui pourrait le faire. Beaucoup ne lui pardonnent pas d’avoir survécu, mais nous sommes sûrs que nous sommes nombreux à lui souhaiter encore de nombreuses années heureuses et créatives, ou du moins paisibles. Joyeux anniversaire professeur !