La revue californienne

Réalisé par Cinzia Bomoll, c’est un film courageusement provincial et oblique par rapport à l’horizon habituel du cinéma italien : pour les thèmes, pour le style et pour une distribution pleine de stars musicales. Présenté au Festival du film de Rome. Revue par Federico Gironi.

La plaine émilienne. Un éleveur de cochons punk et ses (magnifiques) filles jumelles. Une maman un peu déséquilibrée. Et puis encore un odieux et visqueux industriel du plastique qui tourne à Miura, deux mystérieux et fascinants exilés chiliens, puis le coiffeur, et le barman, et les trois patrons toujours assis à l’extérieur du bar. Même quand il pleut. Une histoire de rêves (brisés), de provinces et de fraternité, de famille et d’amour.
Une chose est indubitable : dans La California, l’originalité ne manque pas, ni l’envie d’oser quelque chose d’inhabituel et qui ne correspond pas au panorama du cinéma italien, ces derniers temps plus courageux que d’habitude.

Ce Californiequi est le troisième travail en tant que réalisateur de Cinzia Bomoll (aussi producteur, scénariste, écrivain et bien d’autres choses), est un film oblique, par rapport à ce panorama et sa ligne d’horizon, le casting dit aussi : que s’il peut compter sur la voix narrative de Piera Degli Espostiesquiver les noms connus et gonflés pour assembler Lodo Guenzi et Eleonora Giovanardi, Andrea Roncato et Alfredo Castro (oui, juste celle de Pablo Larraín), Vito Bicocchi et Nina Zilli, Stefano Pesce et Angela Baraldi. Au lieu de cela, les protagonistes La Donatelleau siècle Silvia et Giulia Provvediqu’après ce début, quelqu’un d’autre décidera d’utiliser : peut-être encore un peu vert, mais pas trop, et talentueux et avec une présence scénique notable.

Il y a bien sûr quelque chose dans l’air des provinces d’Émilie, du Pô et de Romagne qui, en plus de caractériser les lieux de manière incomparable et de donner vie à des atmosphères fascinantes, stimule la créativité. Il suffit de penser au nombre de chanteurs, d’écrivains, de poètes et d’artistes de toutes sortes qui en sont venus (ou y sont arrivés) pour ensuite conquérir leur Californie, leur reste du monde.
Bomoll essaie aussi, faisant fort levier sur cet imaginaire constitué d’une province familière et universelle, greffant sur ce qui existe déjà depuis un certain temps, et a été montré (pensez à l’Offlaga Disco Pax, par exemple) mais qui d’une certaine manière est encore curieusement inattendu : cochons et punk, juste pour donner un exemple simple. Le fantôme du PCI et de Kurt Cobain.

L’histoire compte, bien sûr. Celle de deux jumelles unies, amies, rivales, sœurs. Celle qui lie leur passé à leur avenir, en passant par les crises et les ruptures et laideurs du présent. Une histoire qui est celle de la fraternité et de la formation, un thriller et une comédie, une histoire de réflexions et de retournements.
Mais, plus que l’histoire, ce qui compte en Californie, ce sont les flashs et les aperçus (photographiés par Maura Morales Bergmann), les blagues et les expressions, les regards et les épisodes, les désaccords et la boisson. Tous ensemble, loin d’être sans rapport, ils forment un kaléidoscope d’images, de mots et de sensations qui vous font ressentir une chaleur dans l’estomac et beaucoup de sympathie.
Comme un verre de rouge fermier, un tortellino au bouillon, l’étreinte d’une sœur, d’un grand-père, d’un ami ou d’un fantôme.