La revue de l’étrangleur de Boston

Sur Disney+ The Boston Strangler, l’histoire vraie et méconnue des deux journalistes dans les années 1960 a apporté une contribution fondamentale à l’affaire. L’avis de Daniela Catelli.

Entre 1962 et 1964, un maniaque inconnu a tué 13 femmes, pour la plupart âgées, qui vivaient seules à Boston et ses environs, après s’être trompées chez elles, se faisant probablement passer pour une technicienne chargée de vérifier les systèmes électriques ou du gaz. Les affaires se sont retrouvées dans les journaux individuellement, la police n’avait pas les moyens et la mentalité pour relier les crimes sur la base d’éléments communs et mener l’enquête efficacement. Le terme tueur en série n’existait pas encore et la criminologie moderne faisait ses premiers pas incertains. Pourtant, dans un journal local, le Record American, il y avait deux femmes, Loretta Mc Laughlin Et Jean Colequi avec détermination, perspicacité et volonté a réussi à comprendre que quelque chose unissait ces crimes horribles, dans lesquels les corps des victimes étaient profanés et insérés dans une représentation macabre et scénographique, et ont mis en première page ce qui, initialement appelé « le Fantôme » pour sa capacité apparemment surnaturelle à apparaître, à tuer en plein jour sans être vu ni entendu et à disparaître, ils l’ont baptisé du nom sous lequel il est encore connu aujourd’hui et qui est aussi le titre du nouveau film de Matt Ruskin qui raconte cette histoire, L’étrangleur de Boston.

Ceux qui sont fanatiques d’histoires policières vraies très populaires en Amérique, tant sous forme documentaire que cinématographique, avec des reconstitutions de crimes souvent fidèles et impressionnantes, ne trouveront rien de tel dans ce film. Le réalisateur, originaire de Boston, s’est volontairement tenu à l’écart de l’effet de choc gratuit, les meurtres se déroulent hors champ, on ne connaît pas les victimes et on ne s’en soucie pas. L’histoire est en fait centrée sur la reconstruction d’un monde dominé par les hommes, dans lequel les femmes ont dû se battre bec et ongles pour vaincre les préjugés et les saisies de leurs collègues à leur encontre. Dans les années 1960, les tâches typiques qui leur étaient réservées étaient celles de soins – l’infirmière – ou de soutien, toujours subordonnées hiérarchiquement aux hommes, telles que secrétaire, dactylographe et bibliothécaire. À de rares exceptions près, la plupart des femmes étaient des femmes au foyer et s’occupaient des enfants. Dans les bureaux des journaux, les choses n’allaient pas mieux : les reporters envoyés sur les lieux du crime, qui réussissaient souvent à obtenir des informations confidentielles de la part de policiers amis, portaient invariablement des pantalons. Leurs collègues s’occupaient de mode, de maquillage et de potins.

Pour cela l’exploit inavoué de Loretta et Jean, incarné dans le film par Keira Knightley Et Carrie Coonest encore plus remarquable. Ces deux journalistes elles ont ouvert la voie au journalisme d’investigation pour de nombreuses autres femmes et dans le cas de l’Étrangleur, ils ont réussi à faire passer les faits que la police a minimisés dans les gros titres, en utilisant tous les moyens à leur disposition. Et qui plus est, comme dans le cas de Loretta, essayant de maintenir l’équilibre précaire d’un mariage précaire et élevant trois enfants. Une entreprise très difficile aujourd’hui, encore moins il y a 60 ans. Toutefois les bonnes intentions ne suffisent pas pour faire un bon filmet même pas un excellent casting, qui comprend l’acteur oscarisé Chris Cooper en tant que rédacteur en chef hargneux, Alexandre Nivola dans celle du policier qui décide de collaborer avec les reporters et David Dastmalchian dans le rôle de Albert De Salvol’auteur avoué de tous les meurtres (mais comme nous le verrons et comme nous le savons, les choses ne se sont pas vraiment passées comme ça).

La tendance de la narration est plate et télévisuelle, l’ordre chronologique de certains faits a été modifié pour des raisons que l’on ignore et le choix d’éviter la structure thriller pénalise la vision par manque de pics émotionnels. Dommage, car l’histoire de Loretta et Jean est intéressante et la reconstruction précise de la périodemême si stylistiquement la prédominance des tons sombres, sombres et enfumés rend l’histoire encore plus lointaine, qui se déroule dans un monde où les rédacteurs en chef gardent des flacons de whisky dans les tiroirs de leur bureau et des femmes qui tentent de s’établir dans un travail pour lequel ils ont été amenés, ils ont dû faire face à des obstacles continus pour le faire, mettant en danger leur image et leur propre personne.