La revue des voleurs

Comédie Netflix Original pleine d’action et de fraternité, Le Ladre est l’adaptation d’une bande dessinée réalisée par Mélanie Laurent, qui joue également aux côtés d’Adèle Exarchopoulos et Isabelle Adjani. La critique de Mauro Donzelli.

Deux femmes, au sommet d’une montagne, dans les bois. Dans le feu de l’action, pourchassé par des drones. Est-ce ainsi que l’on rencontre les protagonistes d’un crime impitoyable ? Aussi, mais surtout deux voleurs à la commission qui affrontent le métier et les missions (rémunérées) confiées un désenchantement qui dépasse l’ironie coupante couler dans dialogues hilarants. Je suis Les voleursbeaux et résistants, ils sont Carole (Mélanie Laurentici aussi en tant que réalisateur, pour la septième fois) et Alex (Adèle Exarchopoulos), mais surtout ce sont les meilleurs du marché. Le danger ne leur fait pas peur, ils duo joyeusement et rient sereinement grâce à leurs écouteurs même lors de surveillances dangereuses, en s’appuyant sur leurs compétences au sol.

Leur M est Marraine, qui signifie marraine, sophistiquée et impitoyable Isabelle Adjaniqui a lancé Carole, la plus mature des deux, dans le monde du vol de haut niveau plusieurs années plus tôt. Cependant, ils ne peuvent plus continuer un travail qui a ses aspects fatigants, il serait peut-être temps de passer à une routine un peu plus sereine.: pour Carole peut-être cet enfant qu’elle semble ne plus pouvoir avoir, et pour Alex pour surmonter l’habitude de tomber amoureuse du mauvais homme avec une fréquence autodestructrice, en ignorant « les voyants d’avertissement ».

Mais on est encore dans une histoire assez classique, donc l’archétype du dernier plan avant de se retirer et de remettre de l’ordre dans sa tête, potager et break compris, apparaît forcément. Dernière mission qui les emmène en Corse pour voler un tableau inestimable. Equipé d’une nouvelle ressource, un pilote pour s’échapper en fuite, Sam (Manon Bresch), ce qui est d’abord considéré avec un scepticisme évident et une bonne dose de bizutage par Alex. Si les trois dénouent les nœuds de l’incompréhension au nom d’une sororité très forte, ce qui semblait être un plan agile pour avancer sans secousses vers la retraite va évidemment devenir plus compliqué. En parlant de fraternité, il y a une belle énergie entre les protagonistes de Les Voleurs, un film sur les femmes sans avoir à se justifier, qui présente une vision très contemporaine de la famille et des choix au-delà des conventions. Comme le disait Mélanie Laurent, « Je voulais qu’on soit sexy pour nous-mêmes, par rapport à notre regard, pas à celui des hommes ».

Un regard laïc et crédible sur la famille que vous choisissez, sur les priorités que vous vivez et ne souffrez pas, dans un film qui ne propose rien de révolutionnaire mais véhicule un divertissement sincère, des séquences bien écrites et hilarantes (également grâce à un comédien – chanteur de luxe extra et bien plus encore – comme Philippe Katerine)et trois interprètes convaincants et charismatiques. A partir de Adèle Exarchopoulosde plus en plus impeccable dans ses choix et ses rôles, ce qui il confirme ici les qualités d’un champion de la comédie, sans fioriture et avec le bon timing.

Projet souhaité avec beaucoup d’enthousiasme par Laurent, qui confirme un éclectisme d’auteur qui l’a conduite vers des histoires aussi diverses que Respire, Galveston et le précédent La danse follepour y arriver Divertissement original Netflixune déclinaison bien différente du féminisme, qui se suit comme une parenthèse agréable en légèreté, sans trop de prétentions, tirée du roman graphique La grande odalisque (2012), écrit par Florent Ruppert et Jérôme Mulot et illustré par Bastien Vivès.