L’examen de l’avion

Comme si Sully était devenu un film d’action Cannon des années 80. Pour diriger l’acteur écossais cette fois le réalisateur français Jean-François Richet, celui qui avait réussi le petit miracle de clouer le remake de District 13 de Carpenter.

Départ de Singapour, destination Tokyo. De là, il doit se rendre à Hawaï à temps pour fêter le Nouvel An avec sa fille et manger du haggis avec elle. Seulement aux pauvres Brodie Torrance, un pilote de ligne fièrement écossais, il obtient vraiment toutes sortes de choses. Non seulement cela, contraint de subir une perturbation menaçante d’une compagnie aérienne qui ne veut pas gaspiller de carburant pour un changement d’itinéraire, il est contraint de faire un atterrissage d’urgence audacieux et très dangereux sur une île inconnue des Philippines, mais là-bas l’île, il trouve également des pirates féroces déterminés à prendre en otage les quelques passagers du vol et l’équipage afin d’obtenir de l’argent et qui sait quoi d’autre.
Brodie Torrance est évidemment Gérard Butler, désormais spécialisé dans une certaine tendance du cinéma d’action pas exactement très médiatisé. UN Majordome qui ici n’est pas tant la testostérone, musclée et assez létale de la série Attaque au pouvoirou le sous-estimé Dans la tanière des loupsou peut-être récemment copshop.
Ici, si quoi que ce soit, nous sommes plus dans les tons de caractère normaux de Groenland: à tel point que le passé de Torrance en tant que pilote militaire, en L’avion, n’a pas de poids particulier sur le fait qu’il se retrouve à jouer le rôle du héros. Ni tant le fait que, est-il révélé à un moment donné, il avait été rétrogradé après avoir donné un bon coup de poing à un passager gênant.
Non, Brodie Torrance est, somme toute, une personne normale, sans compétences particulières. Pour cela aussi, après leur arrivée sur l’île, il a besoin du soutien d’un de ses passagers, un homme grand et lourd (Mike Colter) qu’il était extradé pour meurtre, et que, oui, il a fait la Légion étrangère.
Torrance est somme toute une personne normale : il est plutôt exceptionnel en tant que pilote, dans ses qualités aux commandes mais aussi dans son sens des responsabilités.

Comme que L’avion se déroule alors, et de façon très évidente ensuite dans sa dernière partie, quand Torrance s’autorise une désobéissance héroïque et nécessaire aux diktats de ses chefs, afin de se consacrer héros pour la troisième fois en moins de deux heures, il est très clair que ce film de Jean-François Richet (le Français qui a fait le miracle de faire un grand remake de Arrondissement 13) et écrit par quelqu’un qui écrit des romans d’espionnage dans la vie (Charles Cumming), soutenu par un professionnel d’Hollywood (JP Davis), cela ressemble à un redémarrage de Sully produit par Cannon de Clint Eastwood dans les années 1980, et mélangé un peu avec Captain Phillips de Paul Greengrass également.
Dans Brodie Torranceen fait, on retrouve à la fois l’héroïsme tranquille et le fils de la Responsabilité et de la Compétence des deux personnages incarnés par Tom Hank (Sully et Phillips, tous deux basés sur des homologues réels), à la fois un penchant réticent pour le machisme para-guerre des années 80, celui des films de Chuck Norris comme, comment Force deltapour n’en nommer qu’un, ou de Commandoou en tout cas de toutes celles où abondaient pistolets, mitrailleuses, fusils automatiques et même lance-roquettes, à diriger de préférence contre des ennemis d’origine exotique.
Sur cette base, je pense qu’il est inutile d’ergoter sur les détails de l’intrigue, ou sur les dialogues, ou même sur la rhétorique, ou peut-être sur l’anxiété (toute productive et distributive, pas d’idéologie ici) pour un certain la diversitéou d’avoir signé un vrai influenceur allemand (Lily Krug) et un vrai mannequin suédois (Kelly Gale) substantiellement dans les vêtements, succincts mais en même temps chastes, d’eux-mêmes.
Mieux vaut regarder le divertissement, une certaine tendance régressive mais pas conservatrice, et le fait que Richetqui ne sera pas nouveau Renoir ni un débutant Bessonmais il n’est pas bête, dans ce méli-mélo d’éléments il ressemble aussi un peu à un certain cinéma américain des années 70.
Catastrophique oui, mais pas seulement.