Action prometteuse au-dessus de 300 km/h, Gran Turismo, inspiré de l’histoire vraie d’un jeune homme passé de Playstation à pilote professionnel. Une série de clichés surgissent entre adrénaline et drones. L’avis de Mauro Donzelli
Simuler : reproduire de manière similaire, imiter. C’est ce que dit le dictionnaire, et nous aussi qui jouons à tous les sports depuis notre canapé ou qui nous lançons à 350 km/h sur PlayStation, avec un volant, un pédalier et une crédibilité de plus en plus étonnante dans Ces derniers temps, à tel point que même les pilotes professionnels utilisent le jeu pour préparer les prochaines pistes ou celles qu’ils connaissent mal. Bref, simulons les sensations fortes de quelqu’un qui court dans une voiture. Mais que se passerait-il si, depuis la chambre, un garçon se retrouvait dans un véritable cockpit, courant avec les professionnels et devenant l’un d’entre eux ?
Ce rêve devenu réalité dans une histoire vraie est raconté dans Gran Turismo, apologue du « nous pouvons tous le faire ». Le nom évoque évidemment un jeu spécifique, mais le film n’est pas strictement dédié à l’expérience ludique, sauf dans la première partie dans laquelle on rencontre le jeune Jann (Archie Madekwe), issu d’une famille ouvrière. Dès son plus jeune âge, il voulait devenir pilote, le reste n’était que ennui et peu d’engagement. Évidemment, le père (le Djimon Hounsou d’Amistad) ne le prend pas au sérieux, elle aimerait qu’il se consacre à des études ou à un vrai travail, alors que sa mère est un peu plus bienveillante. Le revenant la joue Geri Halliwell du Filles aux épicesqui dans la vraie vie a un lien romantique avec Christian Hornerdirecteur de l’équipe Red Bull de Formule 1, dominateur des derniers championnats.
Mais l’histoire se concentre bientôt sur le vainqueur d’une sélection difficile, une académie qui donne au vainqueur la chance de devenir un véritable pilote de grand tourisme, sur les circuits les plus célèbres d’Europe et au-delà. Une fois de plus, donc, le cinéma devient l’occupation de cet espace intangible entre vérité et plausibilité. On pourrait dire qu’il aurait été préférable que l’histoire soit moins « vraie », tant le scénario est faux, qui retrace tous les clichés du genre., tous les obstacles évidents à la réalisation du héros étant vite surmontés, avant une autre étape et ainsi de suite pendant quelques (trop) heures abondantes. La différence entre le simulateur et la réalité est évidemment principalement une : le risque de se blesser. C’est ce chemin de croissance qui permettra à Jann de mûrir, à l’extérieur comme à l’intérieur du cockpit.
Si la précision est notable dans le pilotage sur différents circuits réels, notamment allemands et au Mans, la négligence avec laquelle une puissance automobile historique est évoquée pour la seule fois, quelques secondes seulement, parmi les pilotes et les circuits, comme l’Italie. Un écrit éphémère nous raconte une course mystérieuse dans le « Trentin, Italie ». Pourtant, un coup d’œil sur Google ou Wikipédia aurait suffi pour découvrir que dans cette splendide province autonome, il n’y a tout simplement aucune mention de circuits de ce niveau.. Ferrari ne s’en sort guère mieux, une fois gênant notre héros avec son rythme lent, une autre fois il s’écrase sur le bord de la piste. Dans ce cas, peut-être qu’une plus grande attention est accordée au suivi au moins des exploits les plus récents de l’équipe de Maranello en Formule 1.
Les prémisses et les espoirs étaient d’avoir un film qui pourrait marquer une avancée dans le cinéma sur le thème de l’automobile, sans abus d’effets numériques, avec des drones et de vrais pilotes à profusion. Si l’adrénaline et le spectaculaire apparaissent avec une certaine fréquence, il reste difficile de digérer une banalité absolue dans le fond du récit, dans le scénario et dans chaque point narratif. Sans parler de ces insupportables raccourcis farfelus représenté par des accélérations absurdes avec des changements de vitesse alors que vous êtes déjà à la vitesse maximale. Tout est trop long et improbable, dans un sport où on passe à la limite des millièmes, entre passages d’une machine à l’autre sans épreuves et sans talent comme seul outil pour s’imposer. Sans exercice ni entraînement.
Sans parler du faux rôle du pauvre mentor David Harbour. Visiblement un ancien pilote qui s’est arrêté à cause d’un traumatisme sans atteindre le sommet, prêt à se voir reflété dans le jeune homme ambitieux, qui crie des perles techniques dans ses écouteurs comme « ne te laisse pas dépasser dans ce virage », ou » va plus vite », mais surtout notre préféré, et plus populaire, « se jette dans la mêlée ».
Malgré la maîtrise technique de Neill Blomkamp, apprécié pour ses débuts remarqués avec District 9, Gran Turismo est une série de logos et de prévisibilitél’opprimé surmontant l’arrogance de ceux qui le voient comme un extraterrestre dangereux. Des étapes évidentes qui sont peut-être vraies mais pas exemplaires et restent à un niveau de superficialité qui gâche la capacité du cinéma à proposer autre chose que des images très bien tournées, désormais diffusées à la télévision chaque semaine lors du grand prix de Formule 1.