L'orchestre désaccordé

Un chef d'orchestre célèbre et un frère qui joue dans un orchestre de village dont il ignorait l'existence. Une histoire de prise de conscience et de destin qui oriente l'avenir d'Emmanuel Courcol présentée au Festival du Film de Rome. La critique de L'Orchestra stonata

L’art est thérapeutique, il aide même les personnes qui se trouvent dans des contextes problématiques à communiquer. Telle semble être la mission de l'acteur devenu réalisateur de trois films, Emmanuel Courtol. Il a explosé avec le succès, malgré la pandémie, de son prédécesseur En triomphel'histoire d'un acteur en spirale descendante qui donne un cours de théâtre pour prisonniers, suivi d'une tournée très réussie, qui deviendra plus tard un remake de Riccardo Milani en Italie, Merci les garsavec Antonio Albanese comme personnage joué dans l'original par Kad Merad.

Aujourd'hui, du théâtre à la musique, il revient pour insister sur le fait que l'art n'est pas quelque chose de superflu, mais qu'il peut faire partie de cette dose nécessaire de beauté qui doit accompagner la vie de chacun.au-delà des classes sociales. L'orchestre désaccordé compare la musique dite haute, la musique classique des grandes salles de concert traditionnelles, avec la musique basse des fanfares villageoises. Ce que ceux qui jouent ont en commun c'est l'obsession des notes et du partage d'une mélodie avec d'autres personnes, en attendant de donner des moments de beauté au public qui l'écoute.

Un film de bien-être, encore plus que le précédent, qui peut rappeler La Famille Belier, également pour son crescendo final cathartique crucial, allie la comédie à un contexte social difficile mais non ignorébien présent et à ne pas oublier. Le concert est beau et emmène dans une autre dimension émotionnelle, mais on reste dans la province la plus en difficulté de France, le nord ouvrier aux prises avec la crise et la fermeture de nombreuses usines. C'est de là que ça vient Jimmyélevé par une mère affectueuse et employé comme cuisinier dans une usine menacée de délocalisation. Il joue du trombone et consacre beaucoup de temps au groupe avec lequel il interprète souvent des chansons du répertoire le plus mélodique de la chanson française, de Aznavour à Michel Sardou. C'est seulement lorsqu'il découvre qu'il a un frère, Thibautnul autre qu'une célébrité mondiale en tant que chef d'orchestre, qui commence à se convaincre qu'il a du talent et tente de faire un bond en avant dans le monde de la musique.

Les deux frères, n'ayant apparemment rien de commun si ce n'est une oreille musicale pleinement exploitée ou négligée, appliquée dans deux univers non communicants, ont été séparés enfants et se sont retrouvés dans deux familles adoptives, dans des contextes très différents, puisque Thibaut a réussi à avoir cette carrière aussi grâce à la famille de la haute bourgeoisie dans laquelle il a grandi. Dans quelle mesure le contexte définit-il encore aujourd’hui (ou peut-être davantage) la parabole d’une vie ? Entre sentiments de culpabilité et tentatives de construction d'une relation entre les deux frères, niée depuis de trop nombreuses années, le film contemple de près comment le plaisir de s'ouvrir et de s'écouter est la clé pour surmonter les différences et les préjugés. Un lien qui rapproche soudain Jimmy et Thibaut justement à cause d'un véritable besoin de sang comme une greffe de moelle, nécessaire pour guérir la maladie du « chanceux » musicien classique.

Un chemin qui ne se permet pas d'ignorer les accidents et le contexte, The Orchestra Stonata divertit et émeut sans conduire à une rhétorique facile, surtout lorsqu'il s'agit de parler de maladie, en gardant un bon équilibre, dans la lignée d'un genre de comédie humaine exaltante clairement destiné à un large public. public, dans le respect et sans tricher sur les cartes.