Ne t’inquiète pas Darling examen

Entre science-fiction et histoire dystopique, Don’t Worry Darling est le deuxième film magistralement réalisé par Olivia Wilde, avec Florence Pugh et Harry Styles, projeté hors compétition à la Mostra de Venise 2022. La critique de Mauro Donzelli.

Bienvenue dans les années 1950. Ceux qui sont ordonnés et paisibles, avant ceux des méchants des années 60 et suivants, ont fait semblant de briser l’idylle. Peut-être des femmes à la recherche d’une considération sociale. Quelle horreur. Un certain nombre de couples se trouvent dans une petite communauté qui bouge chaque jour de la même manière, en synchronie, comme une seule chose. L’épouse prépare le petit déjeuner de son mari, le salue au moment où il monte dans la voiture juste devant le jardin, en parallèle le même geste est accompli par les voisins qui sont alors collègues, amis et seuls habitants d’une oasis de perfection au désert. Attendre que la cérémonie se répète à l’envers le soir pour le dîner, puis le lendemain et ainsi de suite. Le tout géré par Victory, entreprise et bienfaiteur. « Êtes-vous prêt à vivre la vie que vous méritez? » Dit le slogan, et Alice Et Jack comme les autres, encore plus, ils le sont. Chez Victory, ils sont en sécurité, loin de la complexité d’un monde hostile. Oui, mais quel monde ?

Dans Don’t Worry Darling on est évidemment du côté d’un Truman Show dystopiquedont la chorégraphie est mise en scène avec une remarquable maîtrise par Olivia Wildedans la deuxième direction après le joyau indépendant très différent La revanche des perdants. Un triomphe d’harmonie, des mouvements synchronisés comme ceux des voitures du mari allant au travail, vers les limites de la communauté dans le désert, ou des cours de danse des épouses. Des surfaces parfaitement lisses et impeccables, du verre et des miroirs sans portes pour qu’Alice trouve une issue. Non pas que vous le cherchiez. Même si c’est elle qui commence à froisser cette précision, ces soirées lumineuses, cette sociabilité uniquement entre collègues et ces couples si heureux. Elle et Jack n’ont pas d’enfants, et cela rend déjà suspect, mais au fond, ils sont jeunes et pensent toujours à avoir des relations sexuelles. Les chanceux. Son ami le plus proche le pense, et est proche, joué par le réalisateur lui-même. Florence Poug (Alice) après tout, c’est un corps étranger, même physiquement, une femme contemporaine et moins en phase avec l’esthétique des années 50 où le beau Jack est magnifique comme un gant, Styles Harry.

Elle a le tort de se poser des doutes, du moins lorsqu’elle voit son amie Margaret cachée par son mari et alors prête à l’appeler à l’aide. Mais pour quoi? Soyons clairs, nous vivons aussi bien dans la communauté idéalisée de Victory, un projet de bien-être collectif mené par Chris Pin. Mais ça ressemble beaucoup à un société totalitaire, dont ce n’est certainement pas une surprise tôt ou tard notre couple voudra s’échapper. Ou juste Alice. Le sujet de ceci n’est certainement pas original Ne t’inquiète pas chérie, et il ne veut pas être trop mauvais non plus. Il s’acquitte simplement de sa mission de garder une bonne tension, avec un beau soin formel, une bande son et tout à la bonne place. Ce qui fait de ce thriller de science-fiction dystopique, si on veut le définir ainsi, un film socio-théorique intéressant, c’est sa capacité à saisir l’esprit (sacro-saint) de l’époque sans drapeaux ni affiches idéologiques, mais il insère un juteux dans le bien huilé mécanisme d’un film de genre histoire de masculinité dominante qui impose à la femme sa propre vision de l’amour et bloque son plein épanouissement professionnel et personnel. Outre le mansplaining, Wilde porte ici un coup franc, dans les parties inférieures, à la limite de la castration, au mâle resté dans les années 1950. Merci aussi au scénario de Katie Silbermanle même que dans son premier film.