Oignon de verre: examen des couteaux

Suite tant attendue de la suite du premier À couteaux tirés, le film, une whudunit postmoderne pleine d’ironie, arrive dans les salles pour une semaine seulement à partir du 23 novembre, et sur Netflix à partir du 23 décembre. Voici la critique de Federico Gironi sur Glass Onion – Knives Out.

Je viens de vider maladroitement la moitié du panier de pop-corn gentiment offert par Netflix quand, sur l’écran de cinéma, il apparaît Rian Johnson pour salutations et recommandations. Oignon en verre – Couteaux sortisdit-il, en un mot, est un roman policier: alors s’il vous plaît essayez de ne pas le gâcher pour vos lecteurs.
Vous comprendrez donc, comme il se doit, car dans ces lignes je ne pourrai pas entrer trop dans les détails, et je devrai rester vague dans bien des cas.
Et pourtant, je peux dire que, compte tenu de la prémisse de Johnson, Je m’attendais à quelque chose, de oignon de verre, qui n’était qu’à moitié. Comme mon pop-corn.
pouquoi Glass Onion est un demi-polar, et le faire passer pour tel dans son intégralité n’était peut-être pas très agréable. Et même le divertissement pur, dont le pop-corn est souvent synonyme dans le langage qui tourne autour du cinéma, ne l’est qu’à moitié : l’accident avec le panier était en quelque sorte prophétique.

La prémisse de ce nouveau film de la série des Couteaux sortis est semblable à celui de Invitation à dîner avec meurtreune délicieuse parodie du thriller classique signée par NeilSimon et embelli par un casting all-star (regardez-le) dans lequel Peter Sellers, David Niven, Peter Falk et Truman Capote se sont démarqués. Car, là-bas comme ici, quelqu’un invite quelqu’un d’autre chez lui pour enquêter, de manière plus ou moins ludique, sur son meurtre.
Dans ce cas, l’hôte est Miles Bron (Ed Norton), un magnat de la technologie très riche qui a sa propre île grecque et une villa super luxueuse débordant d’œuvres d’art (« ça ressemble à la Tate Modern », dit-il à un moment Catherine Hahn, un des invités). Et ce n’est pas un hasard si les invités arrivent sur l’île – tous font partie du cercle restreint de l’homme riche, sauf Benoît Blanc, qui ne sait pas ce qu’il a fini par faire là-bas au milieu – ça a quelque chose de bondien, même musicalement. Parce que la ruse postmoderne de Johnsonune fois donné une profondeur autonome au détective incarné par Craig dans le premier film, il ne pouvait pas jouer avec les échos de 007 incarné par son protagoniste.

Toutefois.
Un milliardaire invite ses amis les plus proches sur une île pour enquêter sur son meurtre. C’est un jeu, bien sûr. Mais on comprend bien, et Blanc le comprend, que ces cinq amis auraient tous des raisons de voir vraiment leur invité mort.
Miles Bron va-t-il vraiment mourir ? Ou quelqu’un d’autre va-t-il mourir ? Et pourquoi? Evidemment ce sera Benoit Blanc qui devra le découvrir, et nous avec lui.
Juste ça, et c’est tout une grave infraction aux règles implicites du genreà un moment donné, il s’avère que Johnson il a caché des éléments fondamentaux, dès le début. Aux personnages du film, tout le monde sauf un Blanc, qui est le détenteur de ces secrets, et à nous spectateurs. Faussant ainsi la détection. Et après cette révélation, la découverte du tueur arrive assez rapidement, dans le film, et suivant des trajectoires qui ne sont que partiellement manifestes.

Tout cela importerait peu, étant donné que dans l’univers Knives Out, ce qui compte vraiment, surtout pour Johnson, c’est le jeu, plutôt que sa résolution. Ce qui importe au réalisateur, c’était clair dans le premier film et plus encore dans ce cas, c’est la déconstruction des règles formelles et narratives d’un genre qui débouche alors sur une nouvelle configuration dominée par la couleur, le dynamisme et l’ironie. Postmodernisme pur, où c’est l’expérience de la vision, et non l’histoire, qui compte. Ceci et, comme dans le premier film, plus que dans le premier film, satire sociale.
Mais que dans le précédent Dîner avec le crime était plus subtile, et presque raffinée, si l’on veut, alors qu’ici elle se meut selon des coordonnées prévisibles et didactiques, ciblant, plutôt que certaines dérives sociales, également racontées dans les personnages de Kate Hudson Et David Bautistaen particulier le grandeur égocentrique des super riches contemporains, ceux qui ne comprennent pas (ou peut-être oui) s’ils sont riches parce que ce sont vraiment des génies, ou des idiots, mais intelligents et impitoyables. En nous plaçant également au milieu, le problèmes de classe – sacro-saint, pour l’amour du ciel, mais ici un peu de coups de téléphone – qui sont si à la mode dans les couloirs d’Hollywood, peut-être pour laver quelque souillure des consciences.

Depuis ces choses, un Johnsonnous tiennent particulièrement à cœur, voici son Glass Onion n’est pas un polar, mais un film à thème et à thèse. Le jaune n’est qu’un prétexte : pour la thèse, bien sûr, mais aussi pour l’envie de diffuser le chemin non pas avec des indices mais avec des citations ultra-pop, des références, des clins d’œil.
En partant du titre, évidemment dérivé des Beatles, en passant par un abandon de nom facile et superflu.
Donc, tout en restant un plaisir basique et fade, au final, cela ressemble un peu à Benoît Blanc quand il se plaint qu’il se serait attendu à un défi complexe, digne de son génie d’investigation, alors que tout était toujours évident et, surtout, à la vue de tous.
Tout évident et bien en vue l’est aussi pour nous spectateurs. Parce que peu importe le nombre de couches qu’il voulait mettre Johnson autour du cœur de son film : ils sont tous transparents.
Un oignon de verre, en fait. Ce qui ne vous fera pas pleurer, qui a son attrait superficiel, mais qui, au final, n’est guère plus que décoratif.