Revue du meurtre à Venise

Le roman « Poirot et le massacre des innocents », qui se déroule en Angleterre à la fin des années 1960, est à la base d’une histoire qui se déroule à Venise en 1947 et qui met Poirot face à un ennemi inattendu : le doute. La critique de Meurtre à Venise de Federico Gironi.

Pour les deux premiers films, il a réalisé et joué le rôle du détective Belge Hercule Poirot, Kenneth Branagh il était basé sur deux des romans les plus connus de la série écrits par Agatha Christie, « Meurtre à l’Orient Express » Et « Meurtre sur le Nil ». Aujourd’hui, cependant, le roman original est moins connu et beaucoup plus trahi.
Au cinéma « Poirot et le massacre des innocents »publié en 1969 et se déroulant dans la petite ville anglaise de Woodleigh Common, devient Meurtre à Venise (hélas, vous trouverez en librairie le roman de Christie’s également réédité sous ce titre), où le décor est justement celui de la Sérénissime, et l’année est 1947. Certains personnages, certaines intrigues, et le fait de laisser l’histoire se dérouler La Toussaint.
D’après la bande-annonce, en fait, Meurtre à Venise – dans une Venise vraiment très américaine, où d’évidentes invraisemblances géoclimatiques et même architecturales sont considérées comme plausibles – il nous a été présenté presque comme un film d’horreur. J’aime certainement le film dans lequel Poirot, le plus grand emblème de l’intelligence logico-mathématique, maître et promoteur de l’ordre et de la méthode, se trouve contraint par les circonstances d’affronter son contraire : l’irrationalité du spiritisme, des fantômes, voire de la foi..
Et s’il est vrai qu’il faut peu de temps à l’enquêteur pour démonter le petit spectacle ourdi par un charlatan d’un niveau supérieur à celui de ses confrères, et pour voler les secrets d’une prétendue séance, il lui sera plus compliqué de trouver la clé du problème qui se trouve devant lui, à des morts mal explicables, et liées à une autre mort – elle aussi douloureuse et mystérieuse – qui appartient au passé des personnages qui l’entourent.

Le processus d’humanisation du personnage créé par Christie par Branagh se poursuit, dans un certain sens.qui si dans Meurtre sur le Nilainsi que de faire un histoire d’origine de sa moustache légendaire, avait ouvert des fissures sentimentales dans son armure imperturbable, il le fait ici affronter quelque chose d’encore plus métaphysique. Et avec quelque chose que Poirot ne rencontre généralement pas sur son chemin : le doute. Les phénomènes étranges qui semblent se produire dans une grande et maudite demeure vénitienne (toute reconstruite dans des studios londoniens, y compris une cave…), et que Poirot lui-même semble incapable d’expliquer, sont-ils réels ou non ?

Distrait par l’envie de jouer avec les mécanismes les plus répandus d’une certaine manière de faire l’horreur, et donc avec la banalité du peur des sautsdans un film qui dès les premières scènes semble vouloir expliciter sa passion pour le caractère mécanique et artificiel du cinéma et du pré-cinéma, Branagh il se soucie encore moins que d’habitude du roman policier, laissant bien en vue des indices suffisants même pour les moins attentifs pour comprendre au moins une partie de la dynamique de l’intrigue. Et peut-être aussi pour pousser ses acteurs à faire quelque chose de plus que le salaire minimum, en le réduisant – lui aussi – à des chiffres un peu automatiques.
En tant qu’acteur et réalisateur, il concentre son plaisir sur lui-même et sur son personnagecapable de trouver de la logique dans l’illogique même lorsque – visiblement, à cause d’une longue inactivité, d’une mauvaise bosse à la tête et plus encore – il n’est pas au top de sa forme.
Plus encore, il se concentre sur le doute, le laissant même entrevoir à la fin. une nouvelle faille bienvenue dans l’armure du Belge. Ce qui n’est pas de la fragilité mais de l’ouverture d’esprit.
Il n’aura pas ouvert les portes de la perception, Poirot, mais il s’est permis de mettre son nez dans une fissure. Sous le signe de la renaissance psychédélique ou du désir d’être moins rigide et plus ouvert d’esprit sur les choses de la vie et du monde.