Le premier film de Brando De Sica, Mimì, est surprenant et intéressant par son mélange original de genres et de tons, son amour sincère pour le cinéma d’horreur et pour deux protagonistes qui transpercent littéralement l’écran. Le prince des ténèbres. La critique de Daniela Catelli.
S’il est presque naturel d’attendre que dans une famille comme celle de De Sica Si le talent est héréditaire, il est plus surprenant que dans les veines des plus jeunes descendants de cette lignée d’acteurs et de réalisateurs il y ait un amour pour le cinéma de genre, qui regarde le côté sombre ou ouvertement horreur. Après Andrea De Sicamaintenant c’est au tour du cousin Brando De Sica, fils de Christian et Silvia Verdone, s’essaye à Mimì. Le Prince des Ténèbres, dans un premier ouvrage qui rend hommage à cette passion, alimentée par ses parents avec les classiques du genre depuis l’enfance. Brando arrive à ce début de long métrage de fiction plus que préparé, à 40 ans, après avoir réalisé des courts métrages, des publicités et des clips vidéo, après avoir réalisé le film basé sur la comédie musicale de son père, Parle-moi de moi, et s’est essayé au métier d’acteur. Même s’il a suivi une formation de réalisateur en Amérique, pour ce début émouvant et émouvant, il a choisi une histoire qui se déroule à Naples, lieu d’origine et patrie de l’âme de la dynastie De Sica/Verdone.
Cette Naples peu vue au cinéma est celle magique, ésotérique, où plane encore l’âme du prince de Sansevero et des alchimistes, avec ses légendes fascinantes des petits moines et des âmes mendiantes, en contact constant avec l’Autre Monde et même abrite, selon certaines théories, la tombe de Vlad Tepes, mieux connu sous le nom de Dracula, dans le cloître de Santa Maria La Nova. Mimì est un jeune homme né avec des pieds déformés, orphelin adopté avec amour et instinct de protection par le pizzaiolo Nando, avec qui il travaille. Harcelé pour son handicap par les jeunes membres de la Camorra du quartier, dirigés par le rude et violent Bastianello, c’est une âme pure, naïf et incapable de se défendre, jusqu’au jour où il rencontre Carmilla, une fille gothique qui prétend en être une descendante. de Dracula et elle l’implique dans une histoire d’amour et de vie éternelle à laquelle Mimì croit aveuglément. Lorsqu’il découvrira la réalité, tout changera, et peut-être que la légende l’emportera sur la réalité.
Ce film a de nombreux mérites, du point de vue de la cinématographie Andrea Arnone (justement primé au festival de Sitges) aux ambiances livides et nocturnes dans lesquelles il se déroule, à l’alternance de registres dramaturgiques qui passent sans heurts du réalisme au mélodrame, du grotesque à l’éclaboussure la plus extrême, entraînant dans la dernière partie le spectateur dans des endroits où il ne s’attendrait pas à se trouver et qui peuvent parfois le mettre mal à l’aise. C’est un film courageux, car il choisit de raconter les rêves de deux jeunes qui se réalisent dans le cauchemar, avec des personnages – un trans amoureux, un gangster chanteur néo-mélodique, un père protecteur – qui rappellent les protagonistes des contes de fées et aurait pu sortir de Pinocchio ou des histoires les plus sombres de Giambattista Basile. Si c’est excitant d’entendre sur la bande originale Fabrizio De André qui chante « Un juge », le film est jonché de références et de citations non seulement à nos traditions, mais à ce cinéma de vampires, de Nosferatu aux films d’horreur sanglants de Hammer avec Christophe Leeque quiconque aime le genre ne peut manquer d’avoir dans son cœur.
Des nombreuses suggestions et idées généreusement jetées dans le mixeur, émerge un mélange original qui fonctionne d’une manière ou d’une autre, même s’il comporte quelques inévitables imperfections d’un premier travail qui ne gâchent pas la vision d’ensemble. Evidemment aussi grâce aux deux très jeunes protagonistes qui transpercent littéralement l’écran : Dominique Cuomo dans son premier rôle au cinéma, il donne vie avec la maturité d’un acteur plus âgé et plus expérimenté à un Mimì auquel on s’attache immédiatement : son regard, son corps long et nerveux et son adhésion totale au rôle se marient parfaitement avec son incroyable talent de Sara Ciocca, qui a maintenant 15 ans et que l’on ne voyait jusqu’à présent que dans des rôles d’enfants : sa Carmilla/Renata est magnétique et parvient à nous émouvoir surtout dans le final. A l’heure où les histoires réalistes prédominent dans notre cinéma, il est agréable que cette folle évasion sombre dans le monde fantastique nous rappelle que même pour nous, qui en avons été maîtres par le passé, d’autres voies sont possibles à suivre avec succès, si vous ayez le courage de les suivre sans crainte mais avec la considération qu’ils méritent.