Un artiste de rue dont la vie et celle de sa famille ont été bouleversées par un programme suisse de rééducation des enfants. Lubo raconte une histoire méconnue au centre du film de Giorgio Rights vu à Venise. La critique de Mauro Donzelli.
Une famille nomade, dans une nation neutre. Une conception aussi glissante, celle de la neutralité pendant la Seconde Guerre mondiale de la part de la Suisse, souvent abordée et problématisée dans d’autres domaines, mais qui dans l’histoire de un artiste de rue qui en 1939, juste à la veille du déclenchement du conflit, survient recruté de force, comme bien d’autres, défendre les frontières contre une éventuelle agression de l’Allemagne nazie, devient encore plus équivoque. Il s’appelle Luboest d’origine ethnique Jenisch et est raconté au cinéma par Giorgio Dirittidans une adaptation du livre Le semeur De Mario Cavatore. Très librement, comme on dit dans ces cas-là, car le souffle donné à ce personnage parvient à le raconter sur quinze ans, en traversant la guerre et en l’amenant ensuite à vivre aussi l’après, le moment de la renaissance et de l’éveil, quand pourtant le poids de son drame rend la vie encore dominée par le passé.
Le drame est rapidement raconté et raconté par le réalisateur émilien, après quelques premières séquences ensoleillées qui nous emmènent avec sa famille, tous musiciens et chanteurs, capables de monopoliser avec leur caravane l’attention des villes suisses dans lesquelles ils voyagent et se produisent. La carte postale arrive le rappelant à l’armée, découvrant bientôt que sa femme est morte en essayant d’empêcher la police d’emmener leurs trois jeunes enfants, arrachés à leur famille d’origine car il s’agissait d’enfants des rues considérés comme à risque par les autorités. La solution? Élevez-les de l’État, avec un programme de rééducation au niveau fédéral géré par des internats spéciaux.
Un événement que Lubo ne surmontera jamais, même s’il a commencé une vie publique de plus en plus éloignée des tourments internes, d’une dissimulation, pour rester sous forme de résistance d’autres minorités précisément dans ces années-là.. Dans le carrousel d’émotions et de tonalités de cette fresque de la vie, et à ce titre pleine de conflits et de regrets, dans la partie centrale le film prend la forme d’un film de vengeance insolite, dans lequel Lubo séduit des femmes des villes dans lequel entre-temps il se présente sous une fausse identité autrichienne, après avoir fait un geste qui marquera sa cession aux instincts les moins nobles de la nature humaine. Il semble vouloir avoir des enfants avec ses amants, hors mariage, dans une course folle pour rééquilibrer son identité, pour tenter de donner un avenir aux Jenisch, et en quelque sorte donner une nouvelle vie à ses enfants.qu’il tentera toujours de retrouver.
Lubo est un personnage nomade dans chaque fibre de son âme et de son corpspas seulement culturellement, contraint au mouvement et à l’énergie, consumé par la passion, avec son propre code moral rigoureux, ainsi qu’une idée de justice, qui il répond à toute ambiguïté par une réponse punitive envers lui-même. Franz Rogowski, désormais chez lui dans notre cinéma, est l’acteur idéal pour tirer le meilleur parti de ces contradictions sans trop de mots. Une histoire qui parle d’identité, dans des années où le nationalisme a fait exploser à son maximum le potentiel du mal pur, dans une réalité comme la Suisse, traditionnellement accueillante et multi-identitaire, encore plus pendant le conflit, lieu de rencontre et d’échanges tenaces. même des ennemis qui combattaient ailleurs.
Diritti donne à Lubo, et avec lui aux minorités persécutées, un avenir et de nouveaux horizons, malgré la solitude qui menace et le passé toujours un compagnon impossible à surmonter..