Revue Lynch / Oz

Parmi les avant-premières du Festival du Film de Rome il y a aussi le beau documentaire Lynch/Oz d’Alexandre O. Philippe sur l’influence du Magicien d’Oz sur l’oeuvre de David Lynch (et pas que). L’avis de Daniela Catelli.

Parmi tous les cinéastes de l’histoire du cinéma qui ont privilégié une narration irréaliste comme forme expressive, qui a ses fondements dans le monde onirique et dans l’inconscient, David Lynch est l’un des plus aimés et vidé par les critiques. Ses films (parmi lesquels on compte aussi les courts métrages et la série de Pics jumeaux) se prêtent à une myriade d’interprétations, toutes plausibles à leur manière mais aucune d’entre elles définitives, et pour cette raison, ils ont fait l’objet d’analyses approfondies, de livres d’entretiens et d’essais académiques en plus grand nombre que ceux consacrés à d’autres réalisateurs . Le mystère de David Lynch a toujours fasciné ses admirateurs, qui devant son travail restent à chaque fois hypnotisés, amusés, perplexes, terrifiés et troublés dans les profondeurs et répètent la vision dès qu’ils le peuvent, continuant à y penser longtemps. Les films, à juste titre, ne peuvent être expliqués, en particulier ceux qui vivent de suggestions et d’atmosphères qui, pour une raison que nous ne pouvons pas comprendre pleinement, nous impliquent émotionnellement, nous laissant à la fois admiratifs pour leur construction et stupéfaits comme après un voyage psychédélique, ou réveil d’un cauchemar si réaliste qu’il semble réel.

L’idée d’un film comme Lynch / Ozsur le papier, cela pourrait sembler prétexte sur le papier, car quiconque suit et apprécie le cinéma du réalisateur de Montana, avec son goût pour l’absurde, son sens de l’humour et sa capacité à créer visuellement (et sonorement) des histoires à plusieurs niveaux époustouflantes . , souvenez-vous de ses références à Magicien d’Oz de Victor Fleming, parfois explicite, comme dans Coeur sauvage, le plus souvent éparpillés ça et là sous forme de citations, de thèmes récurrents (comme celui des sosies ou des sosies), de noms, de personnages et de détails, comme certains effets visuels. La crainte était celle d’un schématisme visant à simplifier le cinéma de David Lynch mettant en évidence mécaniquement des parallèles faciles. Au lieu de cela, comme les films dont il parle, Lynch / Oz surprend et fait vibrer. Directeur Alexandre O. Philippequi ouvre le rideau sur le film comme un magicien lynchien, en annonçant le titre, confie en effet la tâche d’enquêter sur la relation entre Le Magicien d’Oz et le cinéma de David Lynch à vous êtes cinéastesqui dans bien des cas ont écrit et réalisé des films de genre, en tout cas non mainstream : Rodney Ascher (auteur du documentaire, qui prétexte ainsi, Chambre 237 sur Brillant), John Waters, Karyn Kusamale duo Justin BensonAaron Moorhead (V/H/S : virale) Et David Bassey. Ce sont eux qui exposent, dans les six chapitres – Wind, Membranes, (spirits) Kindred, Multitudes, Judy, Dig – de ce qui semble être un essai critique visuel, l’influence du Magicien d’Oz non seulement sur le travail du réalisateur, mais aussi sur le cinéma américain de ses pairs, qui ont vu plusieurs fois le chef-d’œuvre de Fleming enfant à chaque fois qu’il a été reproposé à la télévision, ne captant au départ que le côté d’un conte de fées coloré et optimiste, et au fur et à mesure que le côté obscur grandissait, celui qui rideau de rideaux colorés dissimule au regard humain et qui est la porte d’un autre monde, les monstres, les sorcières et le mal que Dorothy est obligée d’affronter pour rentrer chez elle.

Lynch / Oz s’élargit à travers les mots de ces auteurs pour devenir un examen de tout le cinéma et de la société américaine, et d’une période symbolique comme les années 1950, une époque pétillante dans l’imaginaire comme le monde d’Oz que des réalisateurs comme David Lynch et John Waters retravaillent de manière originale, représentant la nostalgie comme le beau tapis sous lequel se cachent la poussière, les insectes et même pire, le cœur noir du rêve américain. Toutes les contributions ne sont pas au même niveau, mais elles ouvrent de nouveaux regards sur des œuvres souvent montrées en écran partagé dans leur beauté originelle, suscitant chez le spectateur accro à ce monde extraterrestre le désir de les revoir encore et encore. Aucun film de David Lynch ne reste hors de cette analyse, pas même celui vilipendé Dunescar la flamme allumée par le Magicien d’Oz et le même sort de son interprète, le malheureux Judy Garlandfit jaillir la flamme créatrice, véritable empreinte artistique, chez un homme si sensible et si profond, doté du don de la légèreté nécessaire et d’un regard pur capable de contrer le mal.

Alors un film comme Lynch / Oz, qui montre la palette sur laquelle David Lynch a peint ses fresques sulfureuses, sans pour autant nous gâcher la vision, tant et si bien qu’au final on a envie, plutôt que de rentrer chez soi, de rassurer le Kansas ou n’importe où, rester à la Black Lodge pour essayer L’agent Cooper la disparition de Judy et d’essayer d’aider Laura Palmer, qui malgré tous ses efforts est incapable de revenir au bon moment et au bon endroit. Car voir sur grand écran l’analyse du travail d’un artiste comme David Lynch nous fascine comme l’objet considéré, mais cela nous fait aussi comprendre que toute explication ou tentative de classement glisse comme de l’huile sur la paroi sombre et lisse de son et notre inconscient, où ce que nous voyons est définitivement gravé et ne peut être exprimé par des mots.