William Eubank, réalisateur du film de série sous-estimé Underwater, s’essaye à actualiser le cinéma d’action militaire dans le style des années 1980. Il sait déplacer la caméra et composer un plan, pour tout le reste il y a Russell Crowe. La critique de Land of Bad de Federico Gironi.
C’était une matinée grise et pluvieuse, au cours de laquelle j’avais l’impression qu’un camion m’avait renversé. À cause d’un gros rhume, j’en ai peur.
Cependant, j’ai dû voir quelques films à revoir et, si le choix s’est porté sur Terre du malc’est parce que je pensais que c’était moins difficile que d’autres titres, et parce que j’ai réalisé qu’il était réalisé par William Eubank.
Qui est William Eubank ?, demandez-vous à juste titre. Il est le réalisateur d’un film de série sous-estimé comme Sous-marinun type de Extraterrestre sous-marin avec Kristen Stewart en sous-vêtements taille basse tout comme Ripley, et avec une fin presque lovecraftienne.
Sous-marin Je l’ai beaucoup aimé, j’étais donc curieux de voir ce qu’aurait fait ce réalisateur en traitant d’un genre différent mais tout aussi codifié (mission impossible d’une équipe de forces spéciales dans un environnement tropical et hostile), qui ici met à jour les tropes des années 1980 à l’ère de la « guerre intelligente » et des drones.
Dans Terre du malEn fait, l’histoire se déroule en suivant deux protagonistes situés dans deux endroits différents du monde.
Sur le terrain, au sud des Philippines, on trouve Liam Hemsworth, la sous-marque de Chris (mais aussi de son frère), dans le rôle d’un rookie envoyé en mission avec des Chucknorrisian Delta Force. Il ne fait pas partie des forces spéciales, mais de ceux qui coordonnent les forces terrestres avec les pilotes de drones qui les suivent et les assistent.
À la base aérienne de Nellis, juste à l’extérieur de Las Vegas, il y a Russel Crowequi est un capitaine de l’armée de l’air américaine intolérant à l’égard de l’autorité et pilote du drone qui assiste Hemsworth, et qui, suite à de nombreux événements inattendus, devra tenter de guider le garçon vers un lieu sûr après l’élimination de son équipe et la mission a été gaspillée.
D’un côté il y a donc le cinéma d’action rhétorique, patriotique, voire réactionnaire, des années 1980.des Stallone, des Schwarzenegger, des Norris, celui qui n’est jamais mort et qui sous diverses formes nous est néanmoins parvenu, et qui ici Eubank décline avec une précision classique et un dynamisme contemporain, lui qui sait pourtant composer un plan et déplacer une caméra..
D’un autre côté, il n’y a pas de réflexions éthico-philosophiques du BonTuer d’Andrew Niccol, le film dans lequel Ethan Hawke il était aussi un pilote de drone tourmenté qui propageait la mort à des milliers de kilomètres, mais l’anarchie, la convivialité, le professionnalisme et le sens du devoir du personnage de Crowequelqu’un qui n’a pas eu de carrière à cause de son mauvais caractère, et sur le point d’avoir son neuvième enfant avec une quatrième femme qui, malheureusement, est végétalienne.
S’il faut admettre que Liam Hemsworth, probablement malgré lui, fonctionne très bien dans le rôle du gars inexpérimenté au regard videqui provoque des troubles mineurs mais importants à plusieurs reprises (mais se transforme ensuite en une sorte de version hyper-stéroïdienne du Martin Riggs plus fougueux dans la fin discutable du film), la vraie raison de se mettre devant l’écran pour voir ce film c’est la présence de Crowe.
Un Crowe qui depuis quelques temps est à juste titre très à l’aise dans ses chaussures taille XXXL, qui porte ici la chemise hawaïenne sous son uniforme, et qui illumine chaque scène dans laquelle il apparaît avec une profonde ironie et des éclairs d’une classe innée et jamais affichée gratuitement.
Un Crowe pour qui j’ai longtemps eu un faible, du fait de sa résistance, physique et intellectuelle, aux pires dérives du contemporain, du fait de sa sympathie. Et aussi pour sa capacité à ramener à la maison un film clairement nerveux comme celui-ci sans agiter le chèque devant vous tout le temps.
C’est aussi et surtout grâce à lui, et un peu à Eubank, qu’un film discontinu qui se laisse un peu aller ainsi, finit par être perçu somme toute comme un film de genre honnête et compact..
Ça ne sera pas Sous-marinc’est toujours de la deuxième classe, mais un jour gris et pluvieux, un jour où vous avez l’impression qu’un camion vous a écrasé et où vous avez besoin de quelque chose de peu exigeant, cela peut être réconfortant à sa manière.