Alessandro Pondi continue d’exploiter les possibilités infinies de la comédie, qu’il mêle au film d’espionnage et au thriller hitchcockien dans A Dangerous Comedy. Le réalisateur revient pour diriger Enrico Brignano, qui devient le point de vue du spectateur.
Un agent secret, ou plutôt un agent secret en herbe qui se fait appeler Maurilio Fatardi ce ne peut certainement pas être un James Bondet ce ne serait même pas s’il en conduisait un Aston Martin et arborait un smoking Giorgio Armani ou Tom Ford. Maurilio Fattardi, le pauvre, n’a ni nom ni le physique du role de 007 de Ian Fleming. Manquant complètement d’aplomb britannique, Maurilio ne ressemble même pas à l’un des Kingsmen, malgré la saga réalisée par Matthieu Vaughn avait une intention clairement parodique. Fatardiplus que toute autre chose, inspire une grande tendresse, et la tendresse, vous savez, dans une comédie d’espionnage n’est pas exactement sexy, surtout aux yeux du Bond Girl (Gabriella Pession) que notre détective tombe par hasard, qui ressemble à Marilyn Monroe mais il a aussi quelque chose de Grace Kellyet ici on ne peut manquer de penser à Alfred Hitchcock c’est à La fenêtre sur la cour. Maurilioen effet, assiste, depuis son appartement, au meurtre d’une hôtesse qui habite juste en face et que l’homme croit être l’objet de son désir (toujours la Passion).
Citations mises à part, il ne faut pas se tromper si l’on dit que le personnage incarné par Henri Brignano dans Une comédie dangereuse nous sommes. Nous étions déjà dans le film précédent par Alexandre Pondi (Une toute autre vie), dans lequel un chauffeur de taxi frustré se faisait passer pour un riche gentleman, et nous l’étions parce que nous avons tous voulu au moins une fois mener une vie de grands seigneurs, dînant d’huîtres et de champagne et conquérant de beaux hommes ou de belles femmes. N’oublions pas cependant que Maurilio Fatardi plus que l’amour, il veut devenir un espion, et son regard naïf et émerveillé sur la réalité est le nôtre aussi parce que Maurilio est pur, et le monde tel qu’il le voit est tellement absurde qu’il en devient intrigant et évidemment drôle.
Dans le précédent partenariat entre Pondi Et Brignan, le protagoniste de l’histoire était marié. Ici, cependant, il est seul, et donc aussi un peu mélancolique, et cela en dit long sur notre monde fou où nous apprenons à nous connaître principalement grâce aux réseaux sociaux et aux rencontres en ligne. Sociologie mise à part, il est clair que Une comédie dangereuse il a été écrit pour Henri Brignano alias l’agent Maoet ce surnom, plutôt qu’un Mao tse tungnous fait penser au miaulement d’un chat, ou plutôt d’un gros chat comme Lucifer De Cendrillonet en bas Brignan, je n’en veux pas, on dirait un gros chat. Mais, bien sûr, ce n’est pas la raison pour laquelle l’acteur a encore dit oui à Alexandre Pondi. Si l’humoriste et grand showman a accepté la proposition du réalisateur c’est parce que dans la façon dont il raconte ses soupçons et sa version des faits, ainsi que dans ses déductions, Henri Brignano il a reconnu son monologue sur les scènes de théâtre, qui ressemble parfois à une comptine. Brignancependant, grâce à la leçon de Gigi Proiettia grandi et marche, s’agite et bouge moins, et il est clair que son travail d’acteur de cinéma ne peut que bénéficier de cette évolution, comme on le voit très bien dans ce cas, avec pour résultat que Maurilio c’est seul et seulement Maurilio.
Et nous arrivons au genre auquel Une comédie dangereuse fait parti. Evidemment c’est un thriller qui croise, comme déjà évoqué, l’histoire d’espionnage. Alors il y a quelque chose Rashomonquelque chose de Meurtre mystérieux à Manhattan et quelque chose même Couteaux sortis et les bons vieux jaunes Agatha Christie. Soi Alexandre Pondi il va déranger ces grands maîtres, il ne le fait pas pour les copier ou les imiter, mais seulement pour leur rendre un hommage dévoué. Pondi n’est pas un réalisateur qui emprunte, car il a son propre style bien défini, qui s’appuie sur une grande culture cinématographique et du mash-up, mais qui a pour dénominateur commun la comédie, et la comédie est toujours polie et enrichie de trois- personnages dimensionnels, est italien et en même temps « international », et n’oublions pas que le scénario est délicieux Pôles opposés De Max Croci c’est la sienne aussi.
Une autre chose à ne pas oublier est l’excellent travail sur les genres, déjà fait en L’école de la mafia, qui a traversé le western avec l’histoire de la pègre. Ici le défi était encore plus grand, car, après une sorte de prologue, les points de vue se multiplient et une même histoire est racontée sous des angles différents, révélant le rare talent d’écriture du réalisateur, ce qui crée un fabuleux jeu d’emboîtement qui, tout en révélant l’identité de le meurtrier avant la fin (mais uniquement au public), s’intéresse au comment plutôt qu’au quoi et semble vouloir nous dire que tout le monde dans le film a quelque chose à cacher et qu’ils sont tous des bourreaux potentiels. Dans chaque version des événements, le réalisateur ajoute non seulement un morceau à la mosaïque du mystère de Une comédie dangereusemais change de ton en s’appuyant sur les personnages secondaires, et si certains sont hilarants et réussis (l’épouse trahie de Paola Minaccioni), d’autres sont « cinépanettonesques », comme l’usurier joué par Grâce Esclave, ce qui est peut-être une concession à une comédie nationale plus populaire, à la farce.
En parlant de personnages secondaires, le commissaire de police joué par est tout simplement adorable Fortunato Cerlino. Armé d’un imperméable beige, comme tout commissaire qui se respecte, il est colérique mais bon enfant, hâtif mais romantique. Mais surtout il a été confié à l’un des meilleurs acteurs de tous les temps, que l’on est toujours ravi de retrouver. De plus, son Laneve donne au film une touche vintage, tout comme le manifeste du grand Renato Corsaire, qui a dessiné l’affiche à main levée Le thé dans le désert, Nikita Et Danse avec les loups. Alexandre Pondi il voulait qu’il le fasse et c’est une autre démonstration de l’originalité d’Una Comédie dangereuse.