Une critique de Family Vice

Une femme qui retrouve le père qu’elle n’avait jamais connu et s’insinue dans le quotidien très confortable de sa famille. Mi-noir mi-comédie noire, A Family Vice est la nouvelle confirmation des qualités de Laure Calamy.

« Pour moi, la famille c’est comme du poison dans le sang, la pire chose au monde ». Il n’y aurait même pas besoin de cette phrase aussi claire qu’implacable, dite par l’un des personnages secondaires, pour saisir le vision familiale qui ressort du film de Sébastien Marnier. Une vision qui utilise différents genres, de la comédie noire au noir, pour clouer le noyau social le plus immédiat à ses responsabilités, ce qui devrait être le refuge le plus proche. Que signifie alors réellement nous clouer tous, après tout, comment pourrions-nous être en commun avec d’autres personnes meilleures ou altruistes si nous ne sommes pas avec nous-mêmes à la première personne ?

L’art mis en œuvre par Un vice de famille et le manutention, séduction pour le profit, non seulement (mais surtout) économique. Ensuite, il y a le pouvoir, qui peut facilement se décliner dans les murs de la maison et pas seulement dans les bâtiments des institutions. Surtout s’il s’agit d’une villa avec des hectares de parc, avec diverses dépendances et une vue sur la mer. Ce n’est pas par hasard que c’est sur un bateau que le protagoniste, Stéphane (Laura Calamy), surplombe l’univers/île de cette famille élargie dans laquelle le poison de la gangrène et de la violence coule déjà abondamment. D’abord excentrique, puis de plus en plus malsaine et inquiétante, cette assemblée accueille l’arrivée joviale de cette jeune femme comme un corps étranger qui retrouve le père qu’elle n’a jamais connu, en tant que fille d’une liaison extra-conjugale.

Le fil rouge qui unit tout de suite les personnages est le mensonge. Dès que nous avons plus d’informations que ce qui est dit en premier lieu, nous comprenons que presque personne ne dit la vérité. Un ballet avec lequel chacun tente de réaligner sa vie par rapport à la vitesse de croisière actuelle. Louise est l’épouse en série de tous les déchets vendus à la télévision, des couteaux qui coupent même les canettes aux services de table, tandis que la « fille officielle », George(également avec un prénom masculin, car son père « voulait un garçon ») est revenue avec une fille adolescente après des années en Australie et a repris l’entreprise familiale florissante en profitant des problèmes de santé du père Serge.

C’est bien lui, le patriarche dont le règne se termine. Un autre point d’observation pour Marnier est justement l’histoire d’une dernière dérive du pouvoir masculin et du soulèvement d’un capable de éradiquer sans trop d’élégance dans la méthode cette origine du mal évoqué par le titre original du film. Ce mal qui vient alors du père – du patriarche – se répand dans toute la famille, qui devient le principal diffuseur social de ce poison.

Il semblerait qu’il n’y ait pas de quoi rire, bref, dans un film qui danse avec violence et perfidie méphistophélique. Cependant, il y a l’ironie, accompagnée de l’habituel somptueuse interprétation de Laure Calamy, funambule de nuance et de mystère, capable de rendre humain et crédible ce qui risquait de tomber dans le grotesque ou le caricatural. Un vice de famille il poursuit le délice de la cruauté, la fascination perverse du côté obscur. Un vrai massacre est celui mis en scène, dans lequel les poings sont donnés de manière de plus en plus subtile, avec une atmosphère de cruauté omniprésente, avec des grimpeurs désespérés (et un peu pathétiques) de la pyramide sociale qui font référence aux noirs sans moraliser de Claude Chabrol.