Wallace et Gromit – Revue des plumes de la vengeance

Suite (mais aussi un peu remake) du chef-d'œuvre The Wrong Pantalon, ce nouveau long-métrage d'Aardman confirme tout ce qu'est le monde de Wallace & Gromit : immuable mais toujours traversé d'infinies et infinitésimales variations. La critique de Wallace et Gromit – Les plumes de la vengeance de Federico Gironi.

Wallace et Gromit sont de retour. Ou plutôt, nous sommes revenus leur rendre visite, car ils ne bougeaient pas : ils avaient toujours été là, au 62 West Wallaby Street, Wigan, Lancashire. Toujours là, toujours aux prises avec les engins bizarres inventés par Wallace, et souvent gérés par le très patient Gromit. Leur routine familiale est toujours la même : même lorsque la routine – disons cinématographique – implique d'affronter quelque chose d'extraordinaire.
Dans ce cas, et encore une fois, tout découle d'une autre invention de Wallace qui devient en quelque sorte une source ou un moyen de menace : des nains de jardin robotisés et polyvalents qui sont reprogrammés et deviennent une armée de serviteurs au service de Plumes McGrawou le pingouin voleur qui était déjà le protagoniste bien-aimé et le terrible ennemi de nos héros dans le chef-d'œuvre Le mauvais pantalondont ce film est une suite et finalement aussi un remake non déclaré.

A bien y réfléchir, ce nouveau long métrage se nourrit aussi d'une tension entre la routine et l'extraordinaire : entre le plaisir de rencontrer ces deux personnages et tout ce qui les distingue, dont les empreintes mouvantes des animateurs sur leurs corps en pâte à modelery compris l'immuabilité d'une structure, d'un monde, de nombreux leitmotivs, et celle d'aller voir comment ils seront à nouveau impliqués dans une aventure plus grande qu'eux (du moins, plus grande que Wallace).
Mais le plus grand plaisir de tous est comme toujours celui d'aller à la chasse. les petits et grands détails qui font office de variations sur une intrigue principale immuableainsi que ceux qui personnalisent avec des clins d'œil jamais effrontés le monde qui Wallace et Gromit ils vivent et que nous connaissons et aimons tous si bien.

L'animation reste excellente, mais l'écriture n'est pas différente: c'est très amusant de découvrir comment l'invention des nains de jardin robots bricoleurs de Wallace va finir par devenir une arme entre les mains du pingouin Plumes, qui est toujours en prison (c'est-à-dire au zoo) depuis qu'il avait fouillé, en l'espace de il y a quelques années, du vol du Diamant Bleu au musée de la ville et de la façon dont il parviendra à s'échapper et à tenter à nouveau de commettre le braquage. La course-poursuite historique à bord du petit train qui s'est terminée Le mauvais pantalon (Oscar en 1993) est ici remplacée par une scène tout aussi ingénieuse et surprenante à bord de deux bateaux étroits naviguant le long d'un canal, et dans laquelle – pour ne donner que deux exemples faciles – tous deux La reine d'Afrique que les chapitres les plus récents de Mission : Impossible (surtout le dernier).

Ces deux citations ne sont que quelques-unes des nombreuses citations que les cinéphiles apprécieront de trouver. Les plumes de la vengeancequi rend cependant aussi hommage à l'univers Aardmanet qui a l'incroyable capacité de parvenir à rendre agréablement identique à lui-même, mais aussi toujours très légèrement différent, un monde incroyable, où l'imagination et la créativité, l'ingéniosité et la technique ne sont pas des clubs avec lesquels émerveiller le spectateur à coups, mais des instruments délicats et raffinés, utilisés avec un euphémisme tout à fait britannique..
Sans parler des idées théoriques qui peuvent surgir dans un film se déroulant dans une sorte de petit monde antique qui confie le rôle de méchant à une sorte d'intelligence artificielle, et qui s'appuie sur une technologie totalement analogique comme le stop motion, mais aussi en lequel ce type d'animation « ancien » cherche toujours une communion difficile mais possible avec le numérique.