Nous avons vu le documentaire Allevi Back to Life, où est racontée la figure du compositeur et pianiste Giovanni Allevi, mais où se construit également une histoire courageuse de la maladie. Notre avis.
De 2022 à 2024, il y a eu un vide dans la musique italienne: le pianiste et compositeur Giovanni Allevi a révélé un diagnostic de myélome, auquel il a fait face stoïquement (un terme philosophique qui n'est pas hors de propos), avant de réapparaître au Festival de Sanremo 2024, donnant le coup d'envoi de la tournée « Piano Solo », après avoir conçu le nouveau concert MM22 à l'hôpital. Allevi Back to Life est le titre du documentaire qui reprend le titre d'une de ses célèbres chansons de 2007, curieusement prophétique, comme cela apparaît clairement en regardant le film de Simone Valentini, sa collaboratrice pour le clip de « Kiss Me Again », ainsi que réalisatrice de la mini-série « Allevi in the Jungle ».
Il semblerait écoeurant de constater un étonnant entrelacement entre l'artiste et l'homme, en parlant d'un documentaire de ce type : si cet aspect reste si imprimé, c'est pourtant grâce à un raisonnement très intéressant et mûr que le film poursuit, avec la même… « profonde spontanéité » du Maestro Giovanni.
Le long métrage commence par une description de l'artiste Allevi, depuis ses premiers pas jusqu'à l'éclosion d'un talent immense : à travers divers témoignages de collègues, d'amis ou de famille, émerge l'idée d'un homme qui métabolise chaque aspect de sa formation avec une profondeur de pensée (il est d'ailleurs licencié en philosophie), émergeant avec une simplicité artistique qui n'est pas synonyme de superficialité, mais d'élagage. Aujourd'hui, la force d'Allevi Back to Life est que ce portrait se transforme en douceur en celui d'un patient atteint d'un cancer, tout en gardant le même concept intact: dans la deuxième partie du film, Giovanni avoue que la maladie l'a obligé à débarrasser son existence de l'inutile, pour ne garder que l'essentiel. C'est effrayant, en regardant le documentaire, de se rendre compte qu'une phrase comme une maladie grave peut se transformer en l'achèvement d'un être humain. La souffrance est la façon dont le corps réaffirme sa présence, en complément de l'âme, qu'un artiste a tendance à privilégier, à moins qu'il ne soit confronté à l'épreuve que raconte et vit Allevi. Il y a des échos de la force d’une autre œuvre intéressante de ce type, STILL : The Michael J. Fox Story.
Giovanni Allevi incarne la légèreté parce qu'il la recherche comme une mission, non parce qu'il prend le monde à la légère : nous pensons qu'il y a de nombreux passages du film qui pourraient être utiles à n'importe qui, pas seulement aux artistes, à condition qu'ils trouvent la force d'accepter la difficulté. Une force que John lui-même ne tient pas du tout pour acquise, comme le montre l'un de ses raisonnements qui évite toujours la sentence. Sourire est un choix d’art et de vie, non le signe d’une distance ironique distraite, mais d’une nécessité urgente et sérieuse. Les passions sont là et c'est elles qui nous font vivre. Nous sommes d'accord avec Allevi lorsqu'il nous invite à ne pas confondre la colère saine, c'est-à-dire le désir de changer les choses et de ne pas accepter quelque chose, avec une agression pure sans objectif clair : comme il l'admet un instant plus tard, c'est une distinction difficile à appliquer, mais agiter le drapeau blanc serait impardonnable. La légèreté de Giovanni est sa force : la transformation du mot « myélome » En musique, il ne s'agit pas de distanciation, mais d'acceptation. Et comme les mots sont importants, nous soulignons une autre distinction : l'acceptation n'est pas l'abandon.
Allevi est un personnage musical qui est devenu le pont qu'il a toujours recherché : entre tradition et renouveau, entre l'héritage de la musique classique la plus traditionnelle et une gaieté rebelle juste assez pour éveiller la curiosité des « non-experts », pour établir une connexion empathique naturelle qu'Allevi Back to Life amplifie si possible. Giovanni veut créer un pont émotionnel avec le public pour une raison plus élevée que le succès d'un spectacle : un lien fait d'émotion pure que la musique doit encapsuler pour atteindre l'auditeur. Le plus grand mérite d'Allevi Back to Life n'est pas tellement révélateur « l'homme et l'artiste« , comme on dit, mais pour rendre un témoignage spirituel et plus riche : corps et âme. C'est l'idée que dans la fusion des deux aspects réside la seule et réelle façon de saisir le sens de l'existence, et en même temps d'accepter ses épreuves les plus exigeantes. C'est un objectif très élevé, bien sûr, mais il n'y a pas de meilleur message à une époque où trop d' »exemples » volent bas et, dans un spectacle désolé, y prennent même plaisir.