Pères, fils, témoins à laisser à contrecœur. Un film qui, parlant d'autre chose, parle de lui-même, de l'ancienne et de la nouvelle école du cinéma d'action hollywoodien contemporain. Un blockbuster jetable somme toute presque divertissant. La critique de Bad Boys: Ride or Die de Federico Gironi.
Si on le voulait, on pourrait dire que Bad Boys : Ride or Die est un film sur les parents et les enfants.
Une fois de plus, l'axe conflictuel entre le Mike de Will Smith et son fils Armando, ancien tueur des cartels mexicains que l'on a rencontré dans le film précédent. Marcus, lui, a du pain sur la planche pour garder son gendre, Marine Reggie, à sa place (traduit : pour ne pas mettre la main sur ses snacks). Et puis il y a aussi une histoire impliquant les femmes Howard : Judy, la fille du capitaine Howard, et sa fille Callie. De manière plus ou moins voilée, ce film parle donc de personnes contraintes par les circonstances à passer le relais, ou à s'appuyer sur les connaissances ou les compétences de ceux qui sont plus jeunes. Ce que, il faut le dire, ces protagonistes font à contrecœur.
En d’autres termes, Bad Boys : Ride or Die est un film qui parle de la résistance de la vieille école à céder la place, au moins en partie, à la nouvelle. C’est donc un film qui, tout en parlant d’autre chose, parle de lui-même.
Les toutes premières minutes de ce nouveau chapitre de la série, réalisé à nouveau par Adil et Billallest alors une affirmation esthétique : entre Porsche sillonnant les rues de Miami à toute vitesse, filles en bikini, couleurs exagérées et sonorités latines, Bad Boys: Ride or Die semble crier sur tous les toits qu'il ne se soucie pas des mesures contemporaines et qu'il continue de regarder les années 90 avec conviction et fierté. L'intrigue et le scénario confirment et s'abonnent.
Plus que le modèle noble (Miami Vicejamais vraiment pris en considération, même par Michael Baie), le nouveau chapitre de la série Mauvais garçonsplus encore que le précédent, semble s'intéresser directement aux différents Arme mortellenotamment le quatrième et dernier de la série.
Non seulement parce que nos parents sont « trop vieux pour ces conneries », mais aussi à cause de la dynamique film de copain flicet pour un complot dans lequel les taupes s'entassent dans la police, les politiciens corrompus, les anciennes unités spéciales passées du côté obscur, les enlèvements d'êtres chers, l'ambiguïté et les super-vilains très impitoyables.
Bref, Bad Boys : Ride or Die s'efforce de refuser l'homogénéisation de l'action contemporaine, poussant assez fort sur le langage grossier ainsi que sur la violence physique. Il n'est plus là pour écrire Joe Carnahan (dommage), mais comme d'habitude Chris Bremner assisté cette fois par Will Beal (qui est un ancien flic, et ça se voit).
Là où la résistance du film à l'époque échoue et où apparaissent des aperçus de la nouvelle école, c'est au niveau des images, qui Adil et Billall ils voulaient définitivement plus mobile, frénétique, psychédélique et même proche du jeu vidéo : voir quelques scènes avec des POV qui transforment le film en un jeu de tir à la première personne pour des moments éphémères mais indubitables.
Et pourtant, même lorsque cette tendance semble prendre le dessus, la résistance au changement se fait sentir, car le choc final super complexe et violent entre le bien et le mal se déroule dans un endroit on ne peut plus old school: un ancien parc à thème d'alligators abandonné, avec de sympathiques reptiles – dont un gigantesque et légendaire alligator albinos – nageant toujours en toute tranquillité dans les eaux environnantes, et qui joueront inévitablement un rôle dans la bataille.
Entre une fusillade et une blague, entre la crise de panique (niée) de Mike et la crise cardiaque de Marcus, entre une bagarre au pénitencier et un hélicoptère qui s'écrase, une évasion dans un van en feu et plusieurs masques qui tombent, Bad Boys : Ride or Die avance rapidement et obstinément dans sa direction, et dans sa déclaration finale : il faut s'adapter un peu plus à son temps, laisser le barbecue aux nouvelles générations, mais ne pas abandonner une tradition et une identité. Peut-être le républicanisme d’avant Trump.
Si vous acceptez, comme je pense que vous devriez le faire, qu'il s'agit d'un blockbuster sans autre prétention, qu'il prend toute sa bêtise et qu'il ne s'agit que d'un simple divertissement de restauration rapide, alors vous vous amuserez aussi.
Ce qui ensuite, dans une scène du film, Will Smith se laisse gifler par Lawrence, comme pour exorciser les événements deOscars 2022c'est quelque chose qui importe très peu à quiconque n'est pas pareil Will Smith.