Examen du sanctuaire

Margaret Qualley et Christopher Abbott se livrent à une confrontation rapprochée du sexe, du pouvoir, de la psychologie et du genre dans ce film de la parole (mais pas que) réalisé par Zachary Wigon. Il sortira en salles avec I Wonder Pictures. Revue par Federico Gironi.

Deux personnages, une pièce. Le type de cinéma le plus difficile, si vous voulez, parce qu’il n’a pas à devenir juste du théâtre filmé, parce que les rythmes, et les mots, et les mouvements, parce que tout doit être précis. Sans défaut. Sinon tout s’effondre.
Il ne s’effondre pas, Sanctuaire. Ça tiens. Ce n’est pas bon marché. Cela implique aussi.
Les deux personnages sont ceux joués par Margaret Qualley Et Christophe Abbottalias Rebecca et Hal. L’une escorte spécialisée dans la soumission et la domination, l’autre très riche rejeton d’une dynastie d’hôteliers qui s’apprête à être nommé PDG de l’entreprise familiale. La chambre, cela va sans dire, est une suite luxueuse et spacieuse d’un des hôtels de Hal.
Le début déplace, intrigue. Rebecca et Hal ne sont pas ce qu’ils sont, ils jouent un rôle et se révèlent ensuite au spectateur. Mais même cela, peut-être, n’est pas la vérité. Pas tout, du moins.

D’accord, c’est une escorte, c’est le rejeton riche et troublé qui aime être humilié, mais une fois que vous avez fait ce qu’il faut faire, comme nettoyer la salle de bain en sous-vêtements et vous masturber sur commande, les choses ne sont pas exactement terminées. Parce qu’il aimerait se concentrer sur une nouvelle vie, elle n’est pas tout à fait d’accord. Des contrastes éclatent, même violents : le sexe et la passion y sont pour quelque chose, mais aussi le pouvoir et la cupidité, et aussi le jeu des rôles et des genres que, de manière moins extrême, nous connaissons tous un peu.
La version révisée et perverse de la guerre des sexes, si vous voulez, mise à jour en ces temps difficiles que nous vivons.

pouquoi Zachary Wigonréalisateur, se tourne vers les modèles d’antan plutôt que vers le postmodernisme, un Hitchcock Et Loseyet cela montre.
Rien de nouveau, rien de marquant, dans certains passages, il faut le dire, même un peu évidents. Et encore. Toutefois Sanctuaireau final, ça tient.

Ça tient parce que le script de Michée Bloomberg (l’homme derrière Retour à la maisonentre autres) est tendue et précise, car Qualité Et Abbott elles donnent du corps et de la chaleur à ces mots. Ça tient parce que, avec quelques fioritures de trop, Wigon et sa DOP Ludovica Isidori (italien au travail en Amérique) ont trouvé la bonne façon d’être sur leurs personnages sans claustrophobie ni morbidité. Cela n’a pas été pris pour acquis.
Et puis, puisqu’on parlait de la guerre des sexes, la conclusion de l’histoire, qui n’est peut-être pas tout à fait inattendue comme on le voudrait, va dans un sens qui, somme toute, n’était pas du tout évident, et qui rebat encore les cartes, jouant à sa manière avec le romantisme.