Je m’auto-déclare. J’ai un conflit d’intérêts potentiel. Évident.
Parce que la réalité racontée par Le cercle Je la connais bien, et de près, comme je connais son auteur, Sophie Chiarello. Parce que mes filles vont ou sont allées à cette école romaine là-bas qui est racontée dans le film, même si ce n’est pas dans la même classe que les enfants qui apparaissent à l’écran. Des enfants que je ne connais pas directement mais que j’ai vus ou rencontrés et qui font partie d’un monde scolaire qui, du moins à Rome, a peut-être peu d’égal en termes de capacité à être une communauté.
Je suis partial, en somme.
Et encore. Et encore Je peux vous garantir que ce n’était pas parce que biaisé qu’en regardant The Circle j’ai été déplacé à plusieurs endroits. Au contraire. Ma conscience d’être biaisé, bien qu’indirectement, m’avait plutôt fait commencer à regarder des films avec une sorte de rigidité intérieure excessive, peut-être même avec un peu de préjugés négatifs pointilleux.
Et plutôt.
Si j’étais ému, et si je pense encore que Le cercle est un beau film (je dirais presque, si ce mot n’était pas abusé et dégradé par le langage critique actuel), c’est parce que, je pense, ce que raconte le film, c’est l’enfance, et comment l’enfance se voit, et le reste du monde, et les problèmes du monde, les grands et les petits, et surtout le monde adulte, dans toutes ses mille contradictions, le raconte en une manière si simple et claire, et directe, et jamais construite ou filtrée, qu’il est impossible pour quiconque de ne pas reconnaître quelque chose d’intime et de familier.
A l’intérieur, à l’intérieur quoi Le cercle dit-il, il y a nous, nos enfants, nos petits-enfants, les enfants de quelques amis, des enfants et des adultes et le monde que nous connaissons. Tout le monde, dans n’importe quelle école italienne.
Ceux qui ont été abattus si directement et sans jugement de Chiarelloinvisible pour le spectateur et en même temps si intimement partie, silencieuse et observatrice (pendant cinq ans : un là Enfance) du cercle de cette classe, suis-je enfants. Celles de toujours, celles d’aujourd’hui. Dans toutes leurs mille nuances, dans la rudesse, dans la timidité et dans l’enthousiasme, dans les sympathies contagieuses et, il n’y a pas lieu d’être hypocrite, dans leurs manifestations les plus agaçantes et répugnantes. Et dans ces enfants, le miroir de ce que nous sommes adultes. Pour le meilleur ou pour le pire.
Il y a des moments où, je l’avoue, j’ai pensé avec un peu d’inquiétude à la génération étrange, mais aussi merveilleuse, que nous grandissons. Si différent et, apparemment, si plus compliqué que le mien.
Et chez d’autres j’avais honte, voyant dans les histoires des autres, petits et grands vices de mon ménage familial. Le miroir du Cercle n’est pas toujours gratifiant, ni positif, ni émouvant. Il raconte ce que c’est, ce que nous sommes, même ce que nous n’aimons pas chez nous, ou ce que nous aimons penser qu’il n’existe pas. Je pense que c’est un grand mérite.
Un film parmi tant d’autres dans un petit mais très grand film, fruit d’un engagement sincère et passionné, voire heureusement modeste dans ses évidentes ambitions quinquennales.
Je ne dis pas cela parce que je suis partial. Au contraire.
Le dire, précisément parce que je me vautre encore dans ce bien et dans ce mal, est un effort de sincérité qui me coûte, mais qui vaut le prix qu’il exige.