La Chambre du Conseil, la critique du film de Fiorella Infascelli dans le jury du Maxitrial

La Camera di Consiglio de Fiorella Infascelli, présenté au Festival du Film de Rome, raconte l'histoire du jury qui, en 1987, a prononcé dans l'isolement total les nombreuses condamnations du Maxi Procès de Palerme. Notre critique du film en salles du 20 novembre 2025.

Novembre 1987 : huit membres de la Cour d'assises se retirent pour prononcer des peines contre les 476 suspects du maxi procès de Palerme, un événement qui non seulement attaque frontalement la mafia comme jamais auparavant, mais confirme sans équivoque son existence en tant que système criminel organisé. Il s'agit du président Alfonso Giordano (Sergio Rubini à l'écran), du juge Pietro Grasso (Massimo Popolizio) et de six hommes et femmes qui, dans La Chambre des Conseils de Fiorella Infascelli, sont interprétés par Betti Pedrazzi, Stefania Blandeburgo, Rosario Lisma, Roberta Rigano, Anna Della Rosa et Claudio Bigagli. Huit personnes qui, pendant un peu plus d'un mois, vivront isolées du monde, avec leur propre sens de la justice et leurs peurs.

La Chambre du Conseil est un film à la structure théâtrale déclarée, qui pourrait, à tort, faire trop penser au Mot du Jury. Si des similitudes surgissent instinctivement avec le texte de Reginald Rose, il faut rappeler qu'il s'agissait d'un apologue inestimable mais néanmoins symbolique, tandis que l'humanité que Fiorella Infascelli met à l'écran est plus que réelle : elle fait littéralement partie de notre histoire contemporaine. C'est peut-être aussi pour cela que nous nous sommes retrouvés à avoir des réactions ambivalentes face à certains choix dramaturgiques, entre la rhétorique très littéraire de certains dialogues et un jeu des acteurs qui suit inévitablement le décor. En même temps, cette stylisation s'arrête avant de franchir le pas définitif vers la transfiguration presque métaphysique et philosophique d'un Looker dans Night Outside. Il s'arrête à mi-chemin, ancré par une volonté de parler à chacun avec simplicité mais aussi avec un soulignement didactique, pour préserver la lisibilité des faits, de leur importance. Il s’agit pourtant d’un objectif noble, pour lequel prévaut le respect du sens des chiffres : entre président et juge, entre les jurés eux-mêmes, les hauts et les bas émotionnels liés à une véritable mission sont très nets. La nécessité et l'urgence morale de la peine se heurtent parfois au respect formel de la loi et à la compassion humaine envers certains accusés. La fierté de la tâche se heurte aux inévitables moments d’angoisse et de peur, voire de véritables crises de panique.

Les enjeux sont très clairs, et les décors claustrophobes, bien photographiés par Fabio Zamarion, fonctionnent : le bunker où les huit vivent de force sous le même toit, la cour du « temps libre », à l'aménagement irrégulier et déstabilisant. Mais surtout, le film acquiert une signification supérieure s'il est placé à côté de l'autre film du réalisateur sur le sujet, qui en est pratiquement un préquel, à savoir Summer Time (2015), qui racontait un autre isolement : celui de Falcone et Borsellino dans Asinara, qui ont préparé les huit mille pages de l'ordonnance- sentence du procès lui-même. Infascelli y retrouve Massimo Popolizio, Falcone, ici Pietro Grasso (qui a également supervisé le scénario du réalisateur, Mimmo Rafele et Francesco La Licata). Même cette relative continuité acteur ne serait pas nécessaire pour apprécier le lien non seulement logique mais aussi conceptuel : les deux œuvres montrent des hommes et des femmes devenus malgré eux des symboles publics, mais qui, à huis clos, ont réussi le temps d'un bref aperçu de leur existence à se rapprocher de la sérénité qu'ils ne pouvaient plus espérer avoir dans la vie « normale ». Ce n'est pas un hasard si les deux longs métrages se terminent par une pluie de plomb, qui contrebalance toute tentation de triomphalisme : ils racontent des devoirs remplis par des citoyens modèles, et non des exploits de « héros ». Les deux œuvres de Fiorella Infascelli ont, malgré les hésitations critiques, une valeur didactique indéniable, qui s'accroît au fil du voyage (peut-être). Il est presque révolutionnaire de raconter alors une histoire de lenteurs et de jugements posés seulement après réflexion dans le monde actuel.