Un groupe de suprémacistes blancs vole violemment des banques et des valeurs mobilières au cœur des États-Unis dans les années 1980. Ils sont imprégnés de fanatisme religieux et ont un objectif ambitieux. Critique de Mauro Donzelli sur L'Ordre, en compétition à Venise.
Le terrorisme intérieur (États-Unis) a une histoire beaucoup plus complexe et plus longue que nous avons tendance à le penser. En particulier, celui qui a été longtemps « négligé » et considéré comme ayant le moins d’impact politique, comparé à celui venant de l’étranger, notamment des pays de « l’axe du mal ». Ce sont les suprémacistes blancsune émanation pas trop lointaine du Ku Klux Klan, capable de se propager bien plus largement que le sud encapuchonné. A sa manière cela le prouve aussi une œuvre philologique d'un thriller d'action qui flirte esthétiquement avec un crime plus sec et plus noble et reconstitue la genèse de cette rébellion contre le gouvernement central de Washington qui a conduit à l'assaut du Capitole le 6 janvier 21. Les faits racontés dans L'Ordrequi se sont effectivement produits en dehors des licences artistiques, racontent une série de vols de banques et de véhicules blindés qui ont eu lieu dans le nord-ouest en 1983, souvent en plein jour et avec une brutalité particulière.
Une vague de terreur en raison de la très grande superficie concernée, ce qui conduit à des affrontements entre les différentes forces de l'ordre locales, étatiques et fédérales sur la manière d'interpréter les vols et la voie à suivre. Il y a un agent solitaire du FBI originaire d'une petite ville de l'Idaho, joué par un Jude Loi de plus en plus convaincant, même dans un rôle aussi difficile et douloureux, que il est convaincu qu'il s'agit d'actes commis par des terroristes internes dirigés par un leader charismatique qui les amène à suivre les valeurs du racisme blanc, avec une religiosité chrétienne fondamentaliste et l'objectif final de déclarer une guerre ouverte au gouvernement fédéral. Leur conduite n’est donc pas motivée par le profit, mais par la fureur idéologique.
L'Australien Justin Kurzel il s'immerge dans des scénarios provinciaux, entre bois et autoroutes, motels et petites communautés sans trop de contact avec l'extérieur. L'Ordrec'est le titre mais aussi le nom de la congrégation dirigée par Bob Mathews (un excellent Nicolas Hoult), capable d’économiser quelques millions de dollars, braquage après braquage, et de devenir une menace de plus en plus crédible pour l’ordre public. Un film sans excès, sec et sec à l'image des séquences de braquage vraiment bien réalisées, qui offre d'excellentes performances et une histoire qui captive le spectateur.éliminant la salivation jusqu'au duel final tant attendu qui rappelle l'ambiance western de la chasse au hors-la-loi.
Une traque de plus en plus intense impliquant un groupe d'agents prêts à risquer leur vie, ainsi que leur carrière, pour suivre une théorie initialement considérée comme aussi improbable que celle « néo-nazie ». Un cinéma robuste et sans craquements qui fait référence à une noble tendance qui présente depuis les années 70 une haute facture et une excavation non indifférente des personnages en première ligne, sans trop de dérapages, d'exagérations ou de banalisations. Exactement le genre de film qu'Hollywood ne produit plus et dont on aurait besoin maintenir vivant un bon dialogue avec un large public, mais avec des attentes légitimes.