L'art d'être heureux

Benoît Poelvoorde est la star absolue de L'Art d'être Heureux, présenté en première mondiale au Festival de Rome. Notre avis.

Artiste contemporain irréaliste, Jean-Yves Macond (Benoît Poelvoorde) décide de quitter Bruxelles et d'enseigner pour Étretat en Normandie: une destination symbolique à faire « table rase« , comme il dit, et recommencer PEINTURE. Cependant, malgré ses fréquentations dans les lieux qui ont inspiré Monet, Courbet et d'autres impressionnistes célèbres, Jean-Yves souffre toujours de ses ambitions de peintre. artiste conceptuel. Avec une vie en ruine, une fille que son ex-femme a traînée à l'autre bout du monde il y a de nombreuses années, c'est un connard sexuellement inhibéperméable aux caprices hystériques de la galeriste Cécile. Et la simplicité contagieuse d'un artiste plus simple comme l'affectueux Bagnoule fait vaciller son (échec) identité.

L'art d'être heureux De Stefan Liberski est une adaptation du roman »La dilution de l'artiste » (2001) de l'illustrateur, peintre et critique Jean-Philippe Delhomme: on n'a pas lu le livre original, mais on devine que la « dilution » évoquée de l'artiste est dans accepter le concret du monde, la vraie vie. Une étape qui peut compromettre une pureté idéale, mais qui donne potentiellement lieu à un art qui nous aide sérieusement à tolérer la réalité, et aussi à l'interpréter de la meilleure façon possibleau lieu d’un art préemballé par d’autres et adapté de force à notre sensibilité. Ceci dit, cette comédie franco-belge ne semble pas être générée par un raisonnement particulièrement profond sur le sujet : si elle avait été réalisée aux Etats-Unis, on en parlerait comme d'un « typique »film de bien-être« , reposant sur les épaules d'un acteur / showman et sur la transmission de valeurs universellement partageables.

Le showman dans ce cas est Benoît Poelvoordeà qui Liberski confie toute la réalisation du film : théâtral comme jamais auparavant, ballotcontent de son masque et champion du timing comique, Poelvoorde est un interprète parfait pour un homme ridicule comme Jean-Yves, mais il n'est pas bien servi par cette carte blanche, car ce qui l'entoure n'est pas très solide. Le message sous-jacent du film, le sarcasme envers un monde de « grand » art, emprunte un chemin très éprouvé, démolir toute ambition intellectuelleincarné par un perdant qui ne découvre la vie que lorsqu'il se l'avoue la fausseté de ces attitudes. À tel point que la galeriste du film est dépeinte comme une femme nymphomane et trompeuse, qui aime jouer avec la frustration sentimentale et sexuelle de Jean-Yves. Les idées intéressantes du thème sont atténuées, ou plutôt « dilué« , dans le farce rassurante.

Il ne s’agit pas d’exiger à tout prix un récit « élevé », mais celui-ci clé simpliste c'est tellement laxiste de sacrifier la crédibilité de l'homme Jean-Yves sur l'autel du gag. Poelvoorde est si doué pour faire fonctionner les scènes individuelles avec mimétisme et élocution, comme des croquis fermés, mais sa gestion du rythme interne des scènes est incapable de couvrir le rythme incertain du film entier, ni la nécessité de chaque séquence. Et après que Jean-Yves ait été excessif dans plusieurs scènes, il est difficile de trouver de la place pour prends ça au sérieux alors que nous devrions tirer les fils les plus émouvants d’une histoire quelque peu longue. L'art d'être heureux demeure avant tout le témoignage d'une personne. preuve volcanique de son protagonistetandis que l'idée satirique la plus spirituelle nous semblait être sa maison sur les falaises : conçue par un architecte expérimental, sans fondations et sans fenêtre donnant sur la mer à deux pas, pour « rejeter la dictature du paysage« .