Merci les gars

Grazie Ragazzi marque une nouvelle collaboration entre Riccardo Milani et Antonio Albanese et est une comédie carcérale sur l’importance du théâtre et de la culture, ancres de salut pour les condamnés à une très longue attente, non moins intolérable que celle des protagonistes d’En attendant Godot.

« Et maintenant, on fait quoi ?
Je ne sais pas.
Partons.
Ne peut pas être fait.
Pouquoi?
Attendons Godot.
Ouais, c’est vrai. »

Ce dialogue entre les deux personnages principaux de « En attendant Godot », Estragon Et Vladimira été écrit en 1952 par Samuel Becket et sous-tend un vide de sens, l’absence de centre et surtout l’attente de quelque chose (ou de quelqu’un) qui n’arrivera peut-être pas. Estragon Et Vladimir ils vieillissent et minent en espérant que Godot apparaît miraculeusement devant eux, et la route de campagne désolée où ils se sont arrêtés n’est pas si différente de la cour ou des cellules d’un pénitencier ordinaire, où le temps semble être inexorablement lent et où l’on vit en attendant : l’heure de l’air, le jour de la visite, le temps des repas, la liberté. L’acteur français l’a tout de suite compris Jean Jonsonqui au milieu des années 80 a mis en scène l’œuvre symbolique du Teatro dell’Absurdo avec un groupe de prisonniers, autant que le metteur en scène Emmanuel Courcolqui voulait raconter l’histoire de Jonson dans Une année avec Godot. Puis il est venu Ricardo Milaniqui a pris le film par Courcol et en a fait une comédie entièrement italienne, Merci les garsmettant en vedette Antonio Albanese.

Mais c’est vraiment une comédie Merci les gars? Oui et non. On rigole sans doute, mais il y a bien plus dans le nouveau film d’un réalisateur capable de diluer le militantisme de son cinéma avec un ton léger et de mettre la blague au service de l’engagement social. Il y a, par exemple, la mélancolie de ceux qui n’ont pas l’existence facile, de ceux qui sont perdus et de ceux qui n’ont pas pu prouver leur valeur et sont restés parmi les derniers. Et la mélancolie rappelle au petit homme timide et gentil Épifanio Gilardi inventé par Antonio Albanesechoisi à nouveau par Richard Milan comme messager de ses pensées. albanais enfin, lui-même a quelque chose en commun avec à la fois l’acteur sans le sou Antoinecontraint de doubler des films pornographiques pour ne pas mourir de faim, qu’avec les détenus auxquels il apprend le théâtre.

On sait bien que l’inventeur de Cetto La Quoi que ce soit était destiné à l’usine et a été « sauvé » et (comme il dit) transformé en une meilleure personne par le théâtre, et c’est justement l’enseignement principal du film, à savoir que le théâtre, et plus généralement l’art, ou plutôt la culture peut aider les gens à exprimer leur moi le plus profond et à faire le premier pas vers le changement.

Ce n’est pas un drame carcéral Merci les gars. Qu’y a-t-il donc derrière les irrésistibles expressions romaines et les échecs des non-acteurs, la soif de justice des Milan c’est assez évident, avec la triste conscience de vivre dans un pays où il n’y a aucune certitude de punition et où les règles ne sont pas respectées. Et pourtant, le public est toujours au premier plan pour le metteur en scène, et ce qui à première vue peut sembler une simplification d’un discours urgent bien qu’insidieux est plutôt l’exposé clair d’une pensée complexe, une histoire dans laquelle les graves et les aigus coexistent, où une première au Teatro Argentina meilleure que la finale de la Ligue des champions coexiste avec les « mortacci tua » criés par les forçats et un acteur gonflé et égocentrique peut être généreux en même temps avec son ancien partenaire de scène réduit à la pauvreté. En effet, le malheureux vit dans un studio ravagé par le vacarme des avions qui décollent Antoine. Et si la maison en désordre nous rappelle l’appartement près des voies de Blues d’Edwoodson chemin difficile vers ses débuts dans un théâtre romain n’est pas moins aventureux que d’échapper à tous et à tous les dieux Frères Blues du film de Jean Landisseulement qu’ici les paroles sont plus importantes que la musique, même celles balbutiées par le colérique Damien De Andréa Lattanzi. Le protagoniste de Manuel il est parfait pour le rôle que Milan voulu lui confier, ainsi que les très bons Vinicio Marchioni Et James Ferrarequi évoquent à travers leurs personnages leurs débuts théâtraux, l’amour d’une scène souvent ratée et le sentiment d’appartenance à une communauté qui, en vivant la vie des autres, apprend et grandit.

Ces derniers temps, le cinéma a souvent parlé du théâtre et de ses grands protagonistes. Peut-être l’a-t-il fait pour invoquer le retour d’une façon de travailler qui n’existe malheureusement plus, ou pour réunir spectateurs et acteurs, tous deux en chair et en os. dans dans Merci Les gars Ricardo Milani il est allé plus loin, permettant à l’art d’entrer dans un lieu qui, par définition même, semble vouloir le rejeter. Mais c’est ce « semble » qui nous intéresse, car en réalité le metteur en scène raccourcit la distance entre la scène et le public par la vérité des sentiments. Dans le film, même l’intelligentsia applaudit Diégo, Aziz et les autres, mais à la fin du spectacle ils vont tous dormir dans leurs belles maisons. Vladimir, Estragon, bien, Chanceux et le messager, d’autre part, retournent dans leur cellule et sont engloutis par un immeuble non moins inquiétant que la gueule du requin dans lequel ils finissent Geppetto ni « Les Aventures de Pinocchio. Histoire d’une marionnette ». Mais Geppetto est sauvé par Pinocchiotandis que les prisonniers n’ont plus qu’à recommencer à attendre…