rencontre avec Giulio Base et Nicola Nocella

Un Macbeth dans les Pouilles, aux prises avec la cruauté de la quatrième mafia et une société matriarcale. Le maudit est le nouveau film de Julio Baseune adaptation idéale, évidemment libre, entre Shakespeare et l’opéra de Verdi, présentée dans la section Freestyle de la Festival du film de Rome. Écrit et réalisé par Julio Baseproduit par Manuela Cacciamani pour One More Pictures avec Rai Cinema, Le maudit est joué par Nicolas Nocellaprotagoniste absolu aux côtés Iléana D’Ambra. Ensemble avec eux Gianni D’addario, Andrea Sasso, Lucia Zottile très jeune Samuel Carrino.

La Macbeth représente l’une des histoires archétypales les plus aimées de tous les temps, rendue ici en un clé inhabituelle et moderne, avec Michele Anaconda au centre, un criminel de bas niveau de la mafia des Pouilles qui gravit la hiérarchie du crime sous l’impulsion de sa belle épouse, qui le voudrait au sommet de la pyramide. Un chemin brutal, un chemin pavé de vengeance et de sang et de trahisons inévitables. Comme tout vol imprudent sans échappatoire, Michele risque une chute ruineuse. Tandis que de « picciotto » il passe à « sacristain » et s’en va de plus en plus haut vers l’empyrée et l’investiture des patrons.

« J’ai longtemps rêvé de faire un film de gangsters, un genre que j’ai toujours aimé« , a-t-il déclaré Julio Base rencontrer la presse. « La plus grande tragédie jamais écrite, à tel point que je me suis demandé ce qu’on pourrait jamais dire d’original. La réponse que je me suis donnée était que peut-être Le crime des Pouilles, archaïque et secret, était un terrain d’écriture original. Puis j’ai lu, comme un nerd habituel, tout ce qui a été écrit sur la quatrième mafia, comme je préfère l’appeler au lieu de la plus utilisée Sacra Corona Unita. C’est celui qui a le plus de liens avec la finance, plein d’arsenaux et de munitions. Un concept proche de celui du Dieu de la guerre évoqué par Shakespeare. Dans l’adaptation ça aurait été fou de re-proposer des monologues aussi emblématiques, J’ai demandé à Nicola Nocella de réciter idéalement en les ayant en tête du début à la fin. J’ai utilisé l’audio pour expérimenter, un terrain où il y a beaucoup de marge de manœuvre. J’ai travaillé en post production plus sur le son que sur le montage vidéo. C’est là que j’ai cherché une diversité ».

Un travail particulièrement fatigant était aussi celui du protagoniste, Nicolas Nocellaqui met au service de Le maudit son physique inhabituel pour un rôle de héros dans une histoire si épique et intime à la fois. « C’était plus fatigant que prévu », a déclaré l’acteur. « J’ai creusé plus chaque jour, nous avons beaucoup parlé avec Giulio avant le tournage et avons tout décidé tout de suite. C’était une épreuve physique très dure, j’ai travaillé sur les motivations de Michèle, qui pendant des années est silencieuse et encore, en soustraction, habituée à être seule sans raison de parler. Je n’ai rien fait qui n’ait été convenu avec le réalisateur, chaque proposition a été étudiée en pure symbiose avec lui. Un bel effort, d’abord physique puis mental. Il m’a fait lire, écouter et regarder beaucoup de choses. En arrivant sur le plateau, j’étais déjà clair à ce moment-là qui était Macbeth et donc Michele. Je connaissais la langue, les Pouilles, et cela m’a aidé à bouger plus facilement que les autres acteurs. Ça m’a redonné l’envie de faire ce métier, je crois que l’expérience d’Il maudit marque un tournant pour moi, il y aura un premier et un après. J’ai fait une sorte de master pour comprendre jusqu’où je pouvais aller ».

C’est ainsi que le réalisateur commente le choix de Nocella, « Cela ne semblait pas juste de faire d’un gangster une idole, un héros, même en termes d’apparence physique. Je ne voulais pas un protagoniste classique, mais un patron qui ressemble à ceux qu’on voit dans les journaux ou dans les enquêtes. Sans rhétorique, souvent mauvais et laid, sanguinaire. je l’ai tout de suite eu en tête Nicolas Nocella, avec qui j’avais déjà travaillé deux fois. Je le connais en tant qu’homme et en tant qu’artiste. Il veut mettre son talent remarquable au service de ce qu’il fait. Je voulais juste qu’il soit agile, un dieu de la guerre. Je ne lui ai pas demandé de perdre du poids ou de s’entraîner, mais d’être crédible dans les mouvements d’agilité ».