Revue des trahisons (Oh, Canada)

Paul Schrader revient collaborer avec Richard Gere pour la première fois depuis American Gigolo. Le film arrivera en salles avec Be Water. La critique de Oh Canada par Federico Gironi.

C'était en 1980 quand, avec Gigolo américain, Paul Schrader Et Richard Geré ils ont cloué à l’écran, perpétuant, l’imagerie d’une décennie nouvellement née. 44 ans se sont écoulés et les deux reviennent collaborer pour la première fois en Ô Canadaadaptation du roman du même nom de Russell Banks, en Italie intitulée, comme le film, Les trahisons.
Lucide et impitoyable comme Schrader peut l'êtreégalement dans ses désormais célèbres publications sur Facebook, Les trahisons c'est un film qui, partant de l'équilibre existentiel d'un homme au bord de la mort, aborde de nombreux sujets, dont le rapport entre la réalité (ou vérité) et l'image (cinématographique ou non).

Dans le film, Gere incarne Leonard Fife, un cinéaste documentaire acclamé connu pour son engagement politique. Dévoré par un cancer, il accepte d'être interviewé, en présence de sa femme Emma (Uma Thurman), par deux de ses anciens élèves devenus eux-mêmes documentaristes. Leonard devrait parler de son travail, mais ce qu'il fait, c'est dire – à lui-même, à sa femme, aux autres – la vérité sur sa vie. À commencer par une tromperie : il n’avait pas fui les États-Unis vers le Canada pour éviter de partir au Vietnam, mais pour des raisons décidément moins nobles.

Ce qui semble pourtant être le dernier aveu d'un homme qui veut soulager sa conscience (et qui, dit-il, n'est capable de dire la vérité que devant un objectif), un retrace en flash-back d'un passé et vie enterrée, dans laquelle Leonard est parfois incarné par Jacob Elordi, d'autres de Gere lui-même, devient quelque chose de différent. pouquoi Le film de Schrader mélange les cartesles histoires de Leonard semblent moins cohérentes et lucides, et insinuent chez le spectateur le doute qu'Emma avait peut-être raison, que Leonard parle trop à cause de sa maladie et de ses médicaments.
Ici alors, la grande ambivalence d'une image cinématographique qui, comme on le dit explicitement, si d'un côté elle est un raccourci vers la vérité et vers l'éternité, de l'autre elle peut aussi être un rêve, un fantasme, un mensonge. Et éternisation non pas de la vie, mais de la mort.

Le passage se fait de la clarté à la confusion, qui reflète alors le caractère réel du personnage de Gere, de plus en plus fatigué de parler et de se raconter, est mis à l'écran par Schrader avec une progression lente et mystérieuse, au cours duquel on se perd dans les nombreux carrefours d'une vie passée à cacher les méfaits sentimentaux du passé sous un voile de silence, d'engagement politique, de gloire professionnelle. Intégré au public et à son œuvre, Leonard ne s'est pas pardonné les évasions et les infidélités du passé, qu'il veut admettre au grand amour de sa vie avant qu'il ne soit trop tard.

La grande et placide vitalité cinématographique des Trahisons crée un contraste intéressant avec l'histoire d'un homme malade et troublé, sur le point de franchir la frontière entre la vie et la mort. Gere fonctionne, et Schrader gère bien l'ambiguïté croissante du film, avec juste quelques dispersions de trop.
Mais il sait quoi dire devant la caméra, comment et quand. Sans jamais vouloir rien afficher, rien prouver. Seulement avec l'envie de raconter une histoire, un personnage, leurs contradictions. Avec la conviction que le cinéma peut décrire le désordre, les lumières et les ombres. Peut-être même leur donner un sens, un ordre, une signification supérieure. Une dimension éternelle.