Revue d’Houria

Le couple de Don’t Know Papicha, la réalisatrice Mounia Meddour et l’étoile montante Lyna Khoudri, également vue dans The French Dispatch, est de retour. Houria débarquera bientôt dans les salles italiennes avec I Wonder Pictures. Revue par Federico Gironi.

À un moment donné, dans Houriaà un stade quelque peu avancé de l’histoire, la protagoniste homonyme, une danseuse qui a dû renoncer à ses rêves après une attaque, compose une chorégraphie dont les mouvements sont basés sur le langage des signes et racontent donc une histoire.
Voici, Houria ça marche comme ça. Exactement comme ça. Il raconte des mouvements, des actions, des événements qui racontent une histoire (de nombreuses histoires) sans qu’il soit nécessaire d’utiliser de nombreux mots inutiles et redondants. Utiliser le cinéma, ou plutôt la caméra, ses mouvements, les choix de cadrage, ses déplacements. Images en mouvement.
Et ce n’est certainement pas parce que le protagoniste est sorti de cette attaque avec une cheville cassée, mais aussi avec un choc qui a emporté la parole : c’est parce que Mounia Meddour croit au cinéma.

Tant d’histoires, disait-on.
Bien sûr, le plus important est celui d’Houria, joué par la gentille fille Lyna Khoudricelui qu’il a tourné avec le réalisateur Tu ne connais pas Papicha est-ce Wes Anderson recherché dans La dépêche française. Houria, une vie brisée et le besoin de la refaire, d’en recommencer une autre, en compagnie de la mère, la meilleure amie qui rêve de quitter l’Algérie pour l’Espagne, de nouvelles amies sans un mot comme elle connue en réinsertion et conquise avec bienveillance et dansant.
Mais dans celle d’Houria se mêle l’histoire d’un pays, l’Algérie plus ou moins contemporaine, qui doit également composer avec les cicatrices du passé, avec les blessures encore ouvertes, avec ses multiples contradictions. Celles de la guerre civile, de l’amnistie des terroristes, des protestations pour la démocratie de ces dernières années.

En parlant avec des actions et des images de tout cela, en racontant les histoires d’une fille, d’un pays, d’une solidarité féminine très forte et d’une féminité vitale et têtue, Houria fait quelque chose qui n’était pas facile à faire : éviter toute emphase inutile, et encore moins recourir à la rhétorique. Et son énergie, sa vitalité, captivent. Alors qu’immédiatement après l’attentat on craint que le film n’ait pris une voie trop pathétique et victimaire, il est temps de changer d’avis, et de se rendre compte que ce n’était qu’un temps d’arrêt, de ralentissement et de réflexion, car la danse des personnages et des événements pourrait reprendre plus fort et plus convaincant qu’auparavant.