Shab, Dakheli, Divar la revue

Un homme presque aveugle et une femme fuyant la police. Le drame de Vahid Jalilvand sur l’Iran au-delà du mur, en version originale Shab, Dakheli, Divar, a été présenté en compétition à la Mostra de Venise. Notre avis.

Un homme tente de s’étouffer avec un sac plastique, puis un autre. Un effort surhumain et brutal. Une première séquence qui nous fait immédiatement comprendre à quel point ce ne sera pas une promenade, la vision de ces aventures d’Ali, un homme presque aveugle aux prises avec une tentative de suicide interrompue grâce à l’arrivée fortuite du portier de l’immeuble dans lequel il habite. Rien d’extraordinaire, au contraire, on dirait un parking, tout béton et gris. Au-delà du muren version originale Shab, Dakheli, Divarmarque le retour du réalisateur iranien Vahid Jalilvandqui a débuté sa carrière au théâtre, puis à la télévision et dans le documentaire, avant de se caractériser comme l’un des auteurs les plus farfelus de la scène cinématographique de son pays, aux prises avec le genre pour l’histoire du drame de société, avec une histoire non linéaire.

Ce qui arrive aussi dans ce cas, dans un histoire qui n’apparaît dans l’intention complexe de son auteur qu’à la fin. Cela commence comme une histoire des temps prolongés des difficultés de la vie quotidienne d’Ali, choqué par l’observation dans son immeuble d’une femme qui s’est échappée des forces de sécurité et est activement recherchée. Nous sommes dans l’Iran d’aujourd’hui et le soupçon qu’il s’agit d’un acte de persécution vient bientôt, lorsque la femme se retrouve en fait cachée dans l’appartement d’Ali, profitant de son état et essayant de ne pas être identifiée. Elle cherche désespérément son fils de 4 ans, disparu alors qu’elle se faisait refouler dans un fourgon de police par une manifestation qui a fait des accidents.

Au-delà du mur est difficile à raconter sans trop dévoiler une intrigue qui apparaît linéaire pendant une bonne partie de sa durée, d’autant qu’elle est libre dans la partie finale, se manifestant comme une performance pour elle-même.. L’élargissement de la course-poursuite entre chat et souris qui doit impliquer Ali, la femme et celui qui la cherche, se traduit par un déploiement de talents de mise en scène, toujours sous tension, comme les pleurs du fugitif – franchement insoutenables – dans les rares moments dans lequel se montre non pas en silence, en flashbacks qui lentement (mais vraiment lentement comme des rythmes mais à volume maximum) illustrent mieux ce qui s’est passé devant les portes d’une usine. Comment se fait-il qu’Ali reçoive des lettres, qu’est-ce qui le pousse à tout risquer pour le cacher et ne pas laisser les forces de sécurité le découvrir ?

Tant de bruit, tant de suspension d’incrédulité, dans un développement construit à table, avec pas mal d’incohérences narratives et la sensation finale, quand la dénonciation de la condition carcérale et en général l’absence d’un minimum de liberté d’expression en Iran se précise , est-ce une certaine moquerie dont on se serait volontiers passé. Dommage, le thème méritait mieux.