Avis sur le billet pour le paradis

Deux stars indiscutables et soudées, une histoire cocasse et douce, les paysages de rêve de Bali. Ne sera-ce pas un peu trop ? En revanche, le réalisateur est Ol Parker, celui de Mamma Mia ! On y va encore une fois. Et encore. La critique de Ticket to Paradise de Federico Gironi.

Puis il dit à quoi ça sert système stellaire. La célébrité. Quels sont ces acteurs qui sont plus que de simples acteurs et qui rendent les fans fous des tapis rouges ou des couvertures de magazines. Il suffit de regarder Billet pour le paradis et vous comprenez, à quoi servent les étoiles. Pas besoin d’explications.
Billet pour le paradisun film qui, si vous me passez la citation facile, sans George Clooney et Julia Roberts, il s’effondrerait comme un morceau de tissu mouillé.
Ol Parkerd’autre part, le réalisateur est celui de Oh maman ! On y va encore une foiset de Hôtel Marigold. Et si on ajoute à cela que le décor est celui paradisiaque de Bali, et que l’histoire est celle de deux ex-époux, lui est un super architecte, elle est une importante galeriste, divorcée depuis des années et dans des relations plus que mauvaises , qui doivent faire front commun en s’envolant des États-Unis vers l’île du Pacifique pour empêcher la fille qui vient d’être diplômée en droit d’y épouser un garçon (qui n’est pas un pauvre pêcheur mais un cultivateur d’algues plus que riche) et d’y rester pour vivre, abandonner sa carrière, eh bien : vous avez probablement une assez bonne idée pourquoi. Si vous ne l’avez pas, il suffirait de mentionner un romantisme facile à vivre et sucré, et une série de vues et de critiques dynamiques.

Et plutôt. Mais il y a Clooney et Robert, avec leurs visages, leurs visages, leurs sourires blancs, leur sympathie innée, leur capacité à agir. Avec le charisme, et la capacité de rendre crédible l’incroyable, et d’être drôle et gentil (et aussi très cool) même lorsque leurs personnages accomplissent des gestes qui, en réalité, devraient être sanctionnés par TSO immédiat, comme quand ils volent une petite fille les alliances de la fille et du petit ami pour entraver les préparatifs du mariage.
Le fait est, et on l’oublie trop souvent de nos jours, que le cinéma n’est pas la réalité. Et en effet, souvent, au cinéma ça fait plaisir de voir de l’illusion, de la magie, comme il dit aussi Woody Allen. Et puis c’est bien que dans Billet pour le paradis le décor est onirique, les hôtels luxueux, les mariages balinais très élégants et pieds nus sur le sable immaculé, les conflits sont à l’eau de rose et au final dissipés et (réop)apaisés.

Avant la paix, cependant, il y a la guerre. La saine, vieille et inextinguible guerre des sexes, celle qui a fait l’histoire de la comédie romantique hollywoodienne, et qu’au début de ce film Clooney et Roberts ramènent à l’écran dans toute sa splendeur, dans toute sa distinction de genre du XXe siècle. Peut-être pas avec la même écriture exquise que certains chefs-d’œuvre du passé, mais nous savons tous que la mala tempora est courante, et nous devons nous en contenter. Quoi donc, avouons-le sans être trop pointilleux : tant que les deux se disputent, lançant des jabs de toutes sortes, le plaisir est garanti.
Et pour confirmer le rôle fondamental que les acteurs ont dans ces échanges, il suffit de regarder les bêtisiers qui accompagnent la première partie du générique.

On pourrait objecter, non sans raison, que cette phase de conflit hilarant dure au fond trop peu de temps. Et que tout, dans la dynamique des deux ex-époux qui complotent pour saborer sans être au courant du mariage de la lumière de leurs yeux, ne fonctionne pas comme il se doit. Mais alors voici un endroit splendide balinais, ici George Clooney plisser les yeux et faire une grimace gênée, c’est tout Julia Robert il ouvre grand les yeux, puis explose du fameux sourire, et tout vous semble parfaitement cohérent et plausible.

Enfin, même s’il n’y en aurait pas besoin, une note si vous voulez « théorique » autour de ce très agréable plaisir gourmand.
pouquoi Billet pour le paradis est le film dans lequel un jeune homme de vingt-cinq ans renonce à une carrière d’avocat pour vivre une histoire d’amour à Bali. Où deux qui se sont toujours aimés mais qui ont divorcé par crainte de perdre leur individualité dans le couple, et aussi pour leur carrière, comprennent que les bonnes choses ne doivent plus être remises à demain. Et dans ce genre de descente, dans l’abandon des dimensions urbaines et trépidantes vers des paradis tropicaux qui en tout cas synthétisent et subliment un mode de vie différent, il y a quelque chose que l’on connaît bien et dont on a beaucoup parlé ces derniers mois, et qui fait de celle de Ol Parker l’un des premiers vrais films post-Covid à sortir en salles.