Réalisé par Lila Neugebauer et également écrit par Ottessa Moshfegh, le film met également en vedette Brian Tyree Henry et fera ses débuts en streaming sur Apple TV + le 4 novembre. Revue par Federico Gironi.
L’indie américain, le vrai, celui sans trop de combats. Malgré le logo A24 qui apparaît à l’ouverture. Des silences, des douleurs, des relations liées à un fil, oui, mais un fil bien plus fort que ce qui peut paraître au premier abord.
Il y a quelque chose qui rappelle vaguement Kenneth Lonerganmais le réalisateur est Lila Neugebauercelui qui a réalisé quelques épisodes de séries (trois : en La vie sexuelle des collégiennes, Salle 104 Et Femme de ménage) mais ça vient du théâtre. Où, regardez un peu, découvert après avoir pensé à lui, il a mis en scène un texte de Lonergan. Tout revient.
Lynsey (Jennifer Lawrence, bonne, également productrice) a subi un traumatisme crânien suite à une bombe qui a touché son convoi en Afghanistan. Nous rencontrons celle qui est presque paralysée, en rééducation. Puis, quand elle va un peu mieux, elle retourne à la Nouvelle-Orléans, la ville qu’elle a fuie, pour échapper à sa mère indigne de confiance et à son frère toxicomane. Là, il se lie d’amitié avec un mécanicien, lui aussi victime d’un traumatisme.
Et en fait, Causeway parle de traumatismes, et de comment ils peuvent être surmontés, et aussi de comment accepter ces choses dont on prétend qu’elles ne nous touchent pas mais qui, au final, sont les plus traumatisantes de toutes.
Le début n’est peut-être pas fulgurant, cela vous inquiète un peu sur le déroulement de l’histoire, mais la flamme s’enflamme quand Lynsey retourne dans sa ville, et rencontre James (un phénoménal Brian Tyree Henry). Quand les deux commencent à se sentir, à se connaître, à se confesser. Dire que, peut-être, dans cette amitié, il y a une possibilité de guérison.
La recrue Neugebauer travailler sur soustraction et minimalisme, sans jamais forcer la main même dans ces directions làet s’appuyant sur un scénario qui, outre Elizabeth Sanders et Luke Goebel, a également été écrit par Ottessa Moshfegh, celle de « Mon année de repos et d’oubli », l’une des stars les plus irrévérencieuses de la nouvelle littérature américaine.
Et en fait, Lynsey n’est pas une victime, pas plus qu’elle n’est toujours aimable, même si elle est vulnérable et blessée. En effet, si quoi que ce soit, c’est elle qui blesse James, la mère, qui est proche d’elle avec une phrase qui lui échappe de la bouche et qui n’est pas vraiment délicate.
Lynsey pense qu’elle a les solutions dans sa poche, mais c’est elle qui apprend une leçon.
Le rythme est placide et douloureux, le fait que Lynsey décroche un emploi de nettoyeur de piscine pour les riches de la Nouvelle-Orléans donne une idée du moment où Chaussée veut être et réussit souvent à être un film fluide, aquatique, d’une densité claire mais jamais oppressante. Qu’il ait une conversation clarifiante avec son frère en utilisant la langue des signes, celle du désir de ne jamais utiliser trop de mots.
Le risque de douleur excessive, perçu, est toujours écarté. Neugebauer s’arrête avant que la mayonnaise ne devienne folle, que les conflits ne s’enflamment, que la tristesse ne se transforme en dépression. Que la compassion devienne excessive et nuisible.
Nous avons besoin d’un ami, chantait Venditti.
Un ami, un pack de six bières, accepte que tu ne sois pas d’acier et que tu as besoin de partager.