Après l’avant-première au Rome Film Fest, Mahmood, le documentaire de Giorgio Testi dans lequel le jeune artiste parle de lui-même, arrivera au cinéma pendant trois jours en octobre. L’avis de Daniela Catelli.
30 ans peuvent sembler courts à raconter dans un film, mais Alexandre Mahmouddans l’art Mahmoud, a des idées claires sur ce qu’il veut faire et dire et a choisi de montrer dans un documentaire cette part de lui-même et de sa vie que les paroles des chansons pour leur synthèse ne lui permettent pas d’exprimer pleinement. Une histoire, la sienne, qui commence dans une banlieue de Milan, avec une enfance normale, celle d’un enfant toujours souriant mais sensible, qui se cache aussi ce qui le fait souffrir. Élevé par sa jeune mère Anna Frau, après le retour de son père en Égypte, entre sa vie milanaise et des étés heureux avec sa nombreuse famille maternelle à Orosei, il se découvre très jeune une passion pour le chant et après de nombreuses tentatives, même infructueuses, avec les inévitables portes claquées dans sa face – il réussit avec l’étude, le sacrifice et l’envie de se connaître, de trouver sa voix et de conquérir les charts, le public et la critique en quelques années seulement. De ce beau garçon un peu mélancolique, doué d’un charisme indéniable et d’une intelligence rare dans la gestion de son image, qu’on aime sa musique ou pas, son désir de s’exprimer sans filtres est saisissant, c’est ce qu’il perçoit sur scène et que il n’a pas seulement conquis les spectateurs italiens, qui ont rempli avec enthousiasme les étapes de sa tournée en France, en Espagne et en Angleterre, après l’avoir rencontré grâce à Sanremo et à l’Eurovision.
Car c’est presque hypnotique de le voir avant le concert, avec un air entre endormi et démotivé, et d’observer sa transformation une fois devant le public, typique de « l’animal de scène » né. Parce que la musique nous excite et quand elle vient d’un endroit sincère, elle parle un langage universel et touche l’âme de beaucoup, qui se reconnaissent et trouvent un moyen d’exprimer leurs expériences à travers les mots des autres. Dans ce sens, Mahmood est un vrai artiste: concentré sur le travail car c’est ce qu’il aime le plus (à part sa mère, avec qui il entretient une relation quasi symbiotique et fraternelle, semble-t-il), personnage à point nommé, créateur soigneux de looks à fort impact mais oubliant le sien beauté presque d’acteur quand il parle de lui-même, se souvient, parle avec ses collègues et amis de tous les temps, se souvenant du passé, comme il le fait dans le film avec Carmen Consoli et avec ceux qui l’ont suivi au début et travaillent avec lui aujourd’hui. Directeur Giorgio Testi choisit, conformément aux souhaits de son sujet, une voie linéaire et classique : d’un point de vue visuel donc, il n’y a rien de particulièrement intéressant ou spectaculaire dans ce documentaire, qui suit le chemin typique entre films de famille, interviews et derrière le scènes du voyage du héros.
Pourtant ce choix est payant, car on ne s’ennuie jamais en écoutant ce type qui on espère seulement qu’il ne sacrifiera pas au succès ce qui lui semble en ce moment le plus cher, c’est-à-dire continuer à traîner avec ses anciens amis, qui adorent lui, et ses très gentils parents, les Sardes. Les bonnes conditions sont là, car si « Des frissons »comme il dit Dardustl’un de ses plus proches collaborateurs, lui a permis de faire ressortir son côté plus empathique, après la colère de « Argent », Mahmoud il se montre conscient du fait que même le passé est ce qui a créé la personne qu’il est aujourd’hui. C’est une histoire de rédemption, de ceux qui ont su surmonter leurs difficultés et réagir face aux brutes qui l’ont ciblé enfant, comme il l’a raconté ailleurs, sans baisser la tête. Et le temps, l’engagement et les compétences lui ont finalement donné raison. Ce qui, si on y réfléchit bien, est un bon message pour ceux qui pensent aujourd’hui qu’une apparition à la télé suffit pour devenir une star ou voir des gens en fait célèbres pour ne rien savoir faire. Au moins, lui, Alessando, y a mis son visage et a récolté difficilement ce qu’il a semé, aidé par la chance et l’intuition nécessaires pour trouver les bonnes personnes et collaborateurs qui l’ont accompagné dans un monde qui n’est pas connu pour sa transparence. Les fans vont adorer ce docufilm qui leur laisse amplement d’espace et pour lui, comme il l’a dit, le travail pour le faire était presque thérapeutique, même si c’est sur scène, comme il se doit, qu’il continuera à donner le meilleur de lui-même.