Examen de la sécheresse

Une comédie entre satire et désarroi d’une société qui perd ses repères. Paolo Virzì retrouve la forme avec Siccità et sa distribution chorale. La critique de Mauro Donzelli du film présenté hors compétition à la Mostra de Venise.

Une civilisation bâtie autour d’un fleuve perd son identité lorsque son lit est désormais desséché, désert. Le Tibre, premier monument de Rome, berceau de son mythe fondateur, ainsi que premier témoin de tous ceux qui sont entrés et sortis de ses murs, a définitivement disparu dans le satire pas trop science-fiction ou futuriste Sécheresse. Comme toute communauté dans laquelle ceux qui la gouvernent ne sont plus en mesure de subvenir à un besoin primaire comme l’eau, après qu’il n’a pas plu sur la Ville éternelle depuis plus de trois ans, je suis tout en fibrillation, alors qu’il reste de moins en moins de jours avant la fin des décaissements publics. La vie quotidienne est révolutionnée, comme en période de guerre les ruses et recommandations sont véhiculées pour les besoins de base.

Le contrôle des règles se durcit, l’eau est rationnée pour l’instant et tandis que les gens commencent à protester, beaucoup les âmes errantes bougent comme des fantômes, des zombies frappés par un virus impliquant certains des nombreux personnages du film le plus ensemble de Paolo Virzipas seulement pour les vingt-cinq ans de Vacances d’août. Ces deux familles en vacances, aux bords politiques opposés, avaient encore la force de se battre et de participer, alors qu’en Sécheresse la communication est limitée, elle implique des monades isolées qui bougent comme tels, même à deux., à qui « ne se soucie plus de rien ».

Virzì ordonne chacun des nombreux personnages dans un chemin complexe et complet, tandis que les malentendus générationnels grandissent avec les jeunes qui blâment les adultes car il y a tellement de cette haine « qu’on ne s’en rend même pas compte ». La haine comme réponse à la peur est le sentiment dominant dans la présentation d’une mosaïque composite, jeunes et vieux, marginaux ou ayant réussi, victimes ou bourreaux. À la recherche d’une rédemption claire, une bénédiction du ciel. C’est vrai, c’est un film étonnamment spirituel, un film inédit pour le réalisateur livournais, qui réussit mieux quand il pique entre la satire et une dose équilibrée de cynisme, respectant toujours l’humanité de ses personnages jamais aussi évidente qu’en l’occurrence.

Entre un sentiment de culpabilité et l’inévitable confrontation avec un passé qui pèse, La sécheresse tente de dresser un premier bilan sans didactisme, avec un récit sain, mais pas existentiel, en décalage par rapport à la sombre clôture de la pandémie, élargissant le regard sur l’état de santé de la planète que nous piétinons et violons, tandis que les politiciens entretiennent le contentieux opiniâtre qui les distingue. La solution, une réponse possible aux nombreuses questions d’une population perdue est la seule possible : partager, une communication consolidée faite de rencontres et de compromisouvrant à un nouveau dépassement des différences.

On rit, on sourit et on se retrouve dans un dépaysement où l’ironie est une arme. Certains épisodes fonctionnent mieux que d’autres, ce qui affecte aussi les personnages, comme toujours dans un film choral qui touche à la structure épisodique, mais qui maintient le fil d’un discours collectif et donne un chemin à chacun d’eux. Que ce soit consolant, c’est une autre affaire, mais après tout Certains problèmes ne peuvent certes pas être résolus par le cinéma, mais il est sain pour eux de les mettre en lumière. Si avec l’ironie amère et l’humanisme de Sécheresse c’est encore mieux.