La revue des baleines

Un homme maintenant qui a perdu sa mobilité et se laisse mourir dans son appartement. Darren Aronofsky porte à l’écran une pièce en quête d’émotion en relançant la carrière de Brendan Fraser. Présenté à la Mostra de Venise. Notre avis.

L’esprit humain fonctionne d’une manière mystérieuse, et parfois il entraîne le corps avec lui. Celle de Charlie est une séquestration, une expiation et un martyre. Il se laisse mourir sous le poids de la culpabilité et l’hostilité d’une famille qui a rompu ses relations avec lui. Le temps passe de plus en plus vite, de moins en moins à se réconcilier notamment avec la fille adolescente qu’il a quittée huit ans plus tôt, quand un amour absolu l’a conduit à se séparer du jour au lendemain de sa femme, et d’elle.

Adaptation d’une pièce de l’auteur américain Samuel D. Hunter, La baleine il clarifie rapidement les personnages, les métaphores exposées et la recherche désespérée de la rédemption, essayant constamment de faire son protagoniste un véhicule de lumière, le nourrissant de plus en plus de la mission finale de faire le bien. La baleine du titre fait (aussi) référence à Herman Melville c’est à Moby Dick, la vraie passion de Charlie, la (seule) histoire en commun avec sa fille Ellie. Il enseigne la littérature en ligne, vit reclus, et de fait son travail se limite à poser et corriger des thèmes dans lesquels s’ouvrir avec sincérité sur les romans et les écrivains, mais surtout sur eux-mêmes. Une sorte de médecin de l’âme, en mission, représentant une forme de marginalisation sociale rarement qualifiée d’obésité sévère. Le jugement est souvent implacable, les regards de désapprobation, sinon d’horreur.

« Je te dégoûte » ; dit à un moment Charlie, mentionné dans la première partie de La baleine on nous montre toute la dynamique quotidienne, de la manière dont il commande les pizzas et s’il les fait livrer au logement pour la nuit, en passant par les apparitions de la seule figure empathique qui remplit sa vie, le seul ange de Charlie, ami et infirmière qui contrôle le détérioration du tableau clinique, essayant désespérément de le faire hospitaliser. Mais il ne veut pas, il utilise l’excuse de l’impossibilité de payer le traitement, mais il est clair que indique le sacrifice ultime. Arrive alors un jeune missionnaire, avec la razzia aussi de sa femme, mais surtout de la fille avec qui il tente de se réconcilier. C’est le voyage, l’odyssée qui le voit obstinément engagé, comme cela devient de plus en plus clair, depuis des années maintenant. Celui qui sauve une vie sauve le monde entier, et Charlie comprend son martyre d’une manière toujours plus spirituelle. L’obésité, la voracité alimentaire n’est pas une dépendance à vaincre, mais à adopter comme une forme de sacrifice ultime pour sauver l’humanité.

Il n’est pas trop subtil dans la caractérisation, Darren Aronofskymais surtout en nourrissant leurs idiosyncrasies et en les ajournant sans espoir. Charlie est un super héros de la bonté, il veut laisser le monde meilleur qu’il ne l’a trouvé, comme dirait Baden Powell. Un péché Le lutteur, Aronofsky récupère un corps meurtri, une icône du cinéma désormais délaissée par Hollywood. Si à l’époque c’était la malédiction de Mickey Rourkecette fois le profil est celui de Brendan Fraser, déjà un chouchou du blockbuster. Le corps est le champ de bataille pour communiquer une renaissance. Aronofsky sait mettre en scène des paraboles, un monde qui capte, certains personnages environnants frappent, mais tombe sous le poids d’une émotion induite trop manifeste, d’un développement unidimensionnel de personnages aux prémisses intrigantes..