Fille d'un tel père, la réalisatrice – ici dans son premier long métrage – tente de suivre le chemin familial de manière vaguement personnelle, mais le résultat est quand même un peu décevant, et le film reste une coquille vide. La critique de The Watchers de Federico Gironi.
Quand le Mina di Dakota Fanning et les trois autres protagonistes de Les observateurs ils se tiennent, nuit après nuit, devant la grande fenêtre de leur Repaire, pour que de l'extérieur les Observateurs qui donnent son titre au film puissent les regarder, pour eux c'est comme se tenir devant un miroir. Cette immense baie vitrée fonctionne ainsi, comme dans les salles d'affrontement à l'américaine ou les salles d'interrogatoire des films policiers américains : on ne peut voir l'autre côté qu'en se tenant dehors ; de l’intérieur, ce verre est un miroir.
C'est tout sauf un détail. Bien plus qu’un choix scénographique d’un certain effet visuel. C’est quelque chose qui en dit beaucoup, beaucoup, peut-être même tout. Non seulement sur les créatures mystérieuses et dangereuses qui se tiennent dehors et observent, mais finalement aussi sur les personnages, et plus encore sur ce qu'il veut nous dire. Ishana Nuit Shyamalan en cela, son premier long métrage.
En réalité, tout n’a pas de sens Les observateurs. Partant du fait que notre Mina se retrouve dans cette forêt mystérieuse et menaçante, tirée d'un conte de Grimm, de manière totalement illogique : elle se perd en conduisant de Galway à Belfast, accompagnée d'un navigateur, alors qu'elle doit transporter un perroquet rare (indice, indice) de l'animalerie où il travaille jusqu'à un zoo qui l'a demandé. Sans parler de certaines incohérences logico-rationnelles concernant la structure et la construction du Lair lui-même (la structure en béton avec une grande fenêtre qui abrite nos protagonistes la nuit) et de certaines implications de l'intrigue, surtout lorsque l'on arrive à la conclusion. Parce que suspendre l’incrédulité, c’est bien, mais il y a une limite à tout. Surtout si la suspension doit se faire devant un film qui paraît un peu fin et incertain.
Il va sans dire qu'Ishana a pour référence claire le cinéma de son père – qui ici se présente comme un bon producteur -, mais ce talent ne se transmet pas toujours entièrement par le sang.
Les moments et les idées intrigantes ne manquent pas dans ce film qui rappelle Perdu. Non pas que ce soit le cas Shyamalan sa fille n'est jamais capable de créer une atmosphère de tension et de mystère. Le fait est que, quand on arrive au point où il faut donner une certaine forme d’explication, et même avant cela, quand la nature des Observateurs, leur forme, leurs motivations sont inévitablement clarifiées, il est difficile de ne pas ressentir la sensation du soufflé qui devient dramatiquement mou et sans évasion, comme dans cette célèbre scène de Sabrina de Billy Wilder.
Reste donc, comme nous l'avons dit, la question du miroir, du reflet, du double. Du perroquet, si vous voulez. Car comme tout jeune protagoniste qui se respecte, Mina n'est pas une fille insouciante, non : elle a son propre traumatisme qu'elle porte avec elle depuis des années, lié à la mort de sa mère. C'est quelqu'un qui joue explicitement, avant de se retrouver dans la forêt des Observateurs, à se déguiser, à cacher son identité. C'est quelqu'un qui à l'intérieur se sent un peu bien, oui, mais peut-être surtout un peu mal, à cause d'un sentiment de culpabilité et qui sait quoi d'autre. Et puis, force est de constater que pendant qu’on la regarde, Mina se regarde en réalité. Qu’il existe un lien presque identitaire entre elle et les Observateurs. Que sa double nature, comme celle de tous les êtres humains (un peu bon, un peu mauvais, Mina elle-même le dit à un moment donné, courant au secours des plus distraits) sera le miroir d'autre chose.
Cependant, ne vous attendez pas à ce que ce soit quelque chose de particulièrement profond ou qu’il ait beaucoup de sens.