Volons la revue Duce

Renato De Maria signe ce film entre comédie, drame et aventure, suspendu entre l’histoire avec un « s » majuscule et l’histoire du scénario. Rapiniamo il Duce sera disponible sur Netflix à partir du 26 octobre 2022. Critique de Federico Gironi.

Tarantino est souvent un problème.
Laisse-moi expliquer. Depuis qu’il est là Tarantinoc’est-à-dire que depuis le début des années 90, le monde du cinéma regorge de tarentinismes. Pas toujours, ou plutôt, presque jamais, capable de faire sienne adéquatement – dans le style du film, et dans ce qu’il raconte – la leçon d’un tel professeur.
Il s’est imité Hyènespuis Pulp Fictionet puis tout le reste, ou presque. Jackie Brown non, qui sait pourquoi, personne n’a imité celui-là. Quelle affaire.
En tout cas : tout ça pour dire que probablement un film comme Volons le Duce ça n’aurait pas existé si, avant lui, ça n’avait pas existé Basterds sans gloire, Si nous voulons. Avec peut-être un Paniquer agir comme un trait d’union.

Attention. Que le cinéma de genre en Italie soit promu et produit, que ce soit par Mainetti ou De Maria ou n’importe qui d’autre, n’est que bon et juste. Que l’histoire de notre pays, la Seconde Guerre mondiale, et le fascisme, deviennent des scénarios pour raconter des histoires qui plus ou moins directement sont aussi utiles – non seulement, mais aussi – pour se souvenir de certaines horreurs, aussi. Seulement ça Tarantino il est difficile à imiter, et il faut aussi dire que le genre est une affaire sérieuse, à ne pas prendre à la légère : et il ne suffit pas de compenser les lacunes par la sympathie et les clins d’œil.
Désolé, alors, d’avoir à noter que Volons le Duce souffrent de problèmes qui ne respectent pas les intentions qui, clairement, étaient en amont, de la production, à l’écriture, en passant par la réalisation, excellentes.
L’intrigue du film est également intrigante. Le Milan encore fasciste de 1945, la férocité d’un fascisme qui se sent sur le point de perdre la guerre, le plan d’évasion de Mussolini sont d’excellents tableaux historiques sur lesquels esquisser l’histoire d’un voleur individualiste amoureux d’une chanteuse à succès qui vient à lui contestée par la plus sadique et la plus impitoyable des chemises noires. C’est drôle l’idée que, pour se sauver, et pas seulement, ce voleur et sa bande plus ou moins improvisée tentent l’impossible mission de dérober le trésor fantôme volé aux Italiens que Mussolini veut emmener avec lui en Suisse.

Il est immédiatement clair, avant l’arrivée des intermèdes animés et dessinés, que jeLa BD est l’une des références stylistiques de De Maria, qui est sans surprise celle de l’excellent Paz !. Et donc bien le grotesque, l’exagéré, le démesuré.
Les choix de distribution sont également bonspar le protagoniste Pietro Castellitto à sa belle Mathilde De Angelisen passant par l’omniprésent Tommaso Ragno et pour un souriant Philippe Timi. Les bons visages aux bons endroits sur papier.
Eh bien, jouez avec l’histoire, et l’histoire, et tout le reste.
Moins bien que certaines alchimies sont faibles, et que certains registres sont désaccordés.
Moins bien que l’ambiance comique se traduit par une superficialité excessive.
Moins bien que le scénario soit gaspillé en mots et blagues inutiles pour expliquer des évidences au spectateur, comme certaines insistances de la caméra.
Moins bien qu’après des débuts vaguement prometteurs, Rapiniamo il Duce s’emballe à répéter toujours la même dynamique, et qu’il arrive au paroxysme de l’action, et du feeling, il s’effondre aussitôt à cause de certains choix qui semblent un peu faciles et un peu apathique.

Et puis il s’avère que les meilleures choses à propos du film sont les choix musicaux : « Si la ville brûlait » de Massimo Ranieri entendu récemment également dans Marges ouvre et ferme l’histoire, et à un moment donné, le personnage de Mathilde De Angelis chante « Tout noir »la couverture de « Peint le en noir » de la Des pierres de Catherine Caselliet une version réarrangée de « T’aimer » de Gianna Nannini.